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Tunisie : Ben Ali fait mine de lâcher du lest tout en décrétant le couvre-feu sur Tunis et sa banlieue

La peur serait-elle vraiment en train de changer de camp, où s’agit-il d’une simple manœuvre ? Ben Ali limoge son ministre de l’Intérieur, demande la mise en place d’une enquête sur les actes de corruption des responsables publics et ordonne la libération de toutes les personnes détenues depuis le début des troubles.

On ne peut évidement que se réjouir de la libération des jeunes et autres membres de la société civile entre les mains de la police tunisienne, dont on connaît les pratiques et les modes de traitement infligés aux détenus.

Mais comment expliquer ce soudain revirement du président tunisien qui parlait avant-hier seulement de «terroristes» semant le trouble dans un pays habituellement si tranquille ?

La pression internationale, fut-elle bien légère à l’image de celle de la France et de l’Union européenne, a sans doute joué.  Ben Ali ne peut se permettre d’ignorer l’embarras gentiment exprimé par ses «amis» occidentaux devant qui il fait bonne figure de chef d’Etat moderne qui fait barrage aux fous de Dieu.

«Nous avons une longue histoire en commun. Nous sommes attentifs à l’évolution de la situation et appelons naturellement à l’apaisement», a gentiment déclaré François Baroin, ministre du Budget et porte-parole du gouvernement de François Fillon à la sortie du Conseil des ministres mercredi.

La porte-parole de l’Union Européenne a condamné de son côté «l'usage disproportionné de la force de la part de la police contre des manifestations pacifiques.», considérant que «Les autorités doivent également garantir les libertés et droits fondamentaux, comme la liberté d'expression, d'opinion et d'association ainsi que l'indépendance du système judiciaire». L’UE fait ainsi la découverte de la nature du pouvoir en Tunisie. Bravo !

Quoique gênantes pour Ben Ali, ces douces pressions n’interviennent que pour une part dans les dernières décisions de vider les commissariats et de livrer un premier bouc émissaire.

En réalité, le motif décisif qui fait ainsi reculer le président tunisien tient en une seule expression: le tournant politique qu’empruntent subitement les évènements, déclenchés à l’origine sur la base de revendications sociales. Et Ben Ali qui sent le navire présidentiel tanguer fait mine de lâcher du lest tout en décrétant le couvre-feu sur Tunis et sa banlieue.