Dounia et Adnane Filali, les deux influenceurs marocains qui créent la polémique
Par belkacemgPublié le
Les deux youtubeurs défrayent actuellement la chronique pour avoir demandé l’asile politique en France, malgré des positions parfois très controversées.
Libération, Tv5 Monde, France 24, i24 News… depuis l’arrivé des Filali en France, le couple de youtubeurs occupe le paysage médiatique. Et pour cause, Dounia et Adnane Filali commentent ce qu'ils décrivent comme étant la face sombre du pouvoir marocain. Ils abordent la corruption et les traitements de faveur que s’octroie le régime. Publiant des vidéos depuis Hong Kong où ils ont vécu 4 ans, puis de Chine, à Shenzhen, ils ont récemment décidé de demander l’asile politique an France. Le couple affirme qu'ils n’était plus en sécurité et se disait « menacé et harcelé » par les autorités marocaines.
Sans peur face aux pressions de l’État marocain
Les Filali se déclarent être contre la monopolisation du pouvoir par le roi Mohammed VI, dont le régime est comparé à celui de Louis XIV. Les deux militants font entendre leur idées à travers leurs pages Youtube qui comptabilisent presque 300.000 abonnés. Dounia, qui compte à elle seule plus de 275.000 abonnées, analyse en dialecte marocain l’actualité du pays. Elle aborde sans retenue des sujets de corruption qui touchent les hautes sphères du royaume. Elle interview également des personnalités très controversées comme l’ancien boxeur Zakaria Moumni ou encore l’ex-bâtonnier et avocat des droits de l’Homme sous le règne de Hassan II, Mohamed Ziane.
Pour Adnane, même combat est mené, mais en langue française. Avec 17.000 abonnés sur sa plateforme YouTube, il reste extrêmement actif quand il s’agit de révéler les scandales du pays. Le jeune homme se dit sans peur face aux pressions de l’État marocain, qu’il considère comme criminel, et affirme continuer son combat contre le régime en place.
Grâce à leurs chaines respectives, les deux influenceurs comptent plusieurs millions de vues sur YouTube.
Leurs détracteurs dénoncent une « incitation à la haine» et un « danger à l’ordre public »
Le Maroc a rapidement réagi face à la montée en puissance du couple. Une contre-attaque médiatique a été amorcée pour décrédibiliser les deux youtubeurs. D’abord, on révèle que Mohamed Filali, père de Adnane Filali, est connu dans le monde médiatique marocain pour ses méthodes parfois douteuses quand il était patron de presse dans le journal satirique Akhbar Souk. Puis, on met en évidence que le couple, n’ayant jamais travaillé dans un média, ne peuvent se targuer d'être des « journalistes indépendants ».
On reproche également aux Filali des déclarations antisémites et antifrançaises. En effet, selon I24 news, Adnan et Dounia ont à plusieurs reprises été pris en photo en train de faire une quenelle, un geste rendu célèbre par Dieudonné, devenu un signe à connotation antisémite. Adnan Filali a notamment eu des propos sur sa chaine YouTube où il pointe du doigt "l’influence juive dans les médias français". La chaine de télévision I24 news, retient également les sympathies de Adnan Filali pour le Hezbollah, organisation classée comme terroriste en France, que l'influenceur marocain juge comme l’une des rares armées libre et juste.
Rappelons que le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) a publié un communiqué déclarant que l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) sera saisi par lettre recommandée pour lui demander de refuser de leur accorder l’asile en France. La BNVCA considère que le couple ne doit bénéficier d’aucune protection et qu’il serait d’inconcevable d'accueillir des individus qui insultent l’État français.
La BNVCA ne s’est pas contentée de cette lettre recommandée, puisqu’elle a déposé plainte contre les deux youtubeurs pour « incitation à la haine et « danger à l’ordre public ».
Signalons que si la demande d'asile du couple est rejetée, ils pourront déposer un recours devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Si celle-ci ne revient pas sur la décision de l’Ofpra, les deux individus devront quitter le territoire dans un délai de trente jours.