cridesp.jpg

Le cri désespéré du peuple syrien martyr

Jusqu’à quand le régime de Bachar al-Assad, héritier dictateur, va-t-il poursuivre sa vaste opération d’écrasement dans le sang du moindre souffle de contestation et de revendications légitimes pour la démocratie et la justice sociale?

Depuis trois mois, il n’est pas de jour sans assassinats, arrestations, actes de torture, de répression particulièrement sauvage, désormais menée à grande échelle avec des troupes déployées dans les zones les plus rebelles, à la frontière turque, notamment, provoquant la fuite de dizaines de milliers de citoyens qui s’entassent dans des camps de réfugiés sur le territoire voisin.

Le régime a instauré le règne de la terreur. Donnant plus que jamais les pleins pouvoirs à sa police politique omnipotente, il a verrouillé une chape de plomb sur le pays, interdisant la présence de la presse étrangère et refusant l’accès aux convois humanitaires.

La Communauté internationale qui peine à pondre la moindre résolution de condamnation du régime syrien révèle son inefficacité au grand jour sous le poids des contradictions internes au Conseil de sécurité de l’ONU et face à la nécessité de préserver coûte que coûte des équilibres fragiles. Plus que la menace du veto des russes, alliés de Bachar al-Assad, il y a aussi, et surtout, la pression d’Israël qui craint les conséquences d’une chute brutale du régime Syrien.

Et quand bien même tomberait une résolution de l’ONU, que peut-on en attendre, sinon une autre résolution et de vagues menaces sur la scène diplomatique ?

Hors de ces tergiversations inutiles, les écrivains syriens qui font circuler une pétition appelant à la solidarité avec les insurgés lancent un SOS au reste du monde pour que cesse enfin ce massacre à ciel ouvert où les nervis n’épargnent même pas les enfants.

«Nous, écrivains syriens (…) appelons tous les écrivains du monde à dénoncer ces assassinats et à proclamer leur solidarité avec le peuple syrien, avec ses rêves de justice, d’égalité et de liberté !»

Saluons l’adhésion à cet appel d’intellectuels occidentaux à l’image de Marie NDiaye, Marie Darrieussecq, Jonathan Littell, Laurent Gaudé ou Mathias Enard, en attendant sans doute d’autres signatures prestigieuses rassemblées à l’initiative de Farouk Mardam-Bey responsable de la collection «Sindbad» chez Actes Sud. On peut en revanche se demander où est passé, depuis que le rouleau compresseur est à l’oeuvre en Syrie, le très médiatique Bernard-Henri Lévy qui fut prompt à s’improviser conseiller va-t-en guerre de Nicolas Sarkozy contre le colonel Kadhafi, précipitant la « coalition » dans un véritable bourbier dont on ne voit plus l’issue.

L’opposition syrienne peine à l’évidence à s’organiser pour résister aux forces répressives, déjouer la traque et le travail de division de la redoutable police politique, contrecarrer la manipulation de l’information et la propagande, empêcher le camouflage de crimes à grande échelle.

Il faut plus que jamais entendre les appels qui proviennent de Syrie, s’en faire l’écho pour interpeller les consciences, créer un vaste mouvement de solidarité des sociétés civiles dans les pays démocratiques. Entendre ce cri désespéré d’un peuple martyr.