Mondial 2014 : la réalité sociale du Brésil transperce les filets de la FIFA !
Par nicolas éthèvePublié le
Au-delà de l'image lisse sur papier glacé dont rêve la FIFA, cette association à but non lucratif qui regroupe les Fédérations nationales du monde du Football vit avec le Mondial 2014 organisé au Brésil, la plus grande crise de son Histoire. La dernière ?
A priori, sur le papier en 2007, qu'est-ce qui pouvait être plus fédérateur pour la FIFA qu'une Coupe du Monde organisée au Brésil, terre sacrée du football ? Pas grand chose, pour la grande majorité des amateurs de football dans le monde, et surtout pas le Qatar qui, autrement moins rassembleur, est pourtant censé accueillir à son tour le Mondial 2022.
Le pouvoir d'internet
Mais loin de cette image lisse dont raffole tout acteur économique, la publicité en étant sa plus forte représentation, le monde n'a eu de cesse de découvrir, ces dernières années, par le biais du net et de ses réseaux sociaux, qu'une grande part des Brésiliens étaient totalement opposés à la tenue de ce Mondial, pour, la boucle est bouclée, des raisons économiques rangées dans la catégorie « Social ».
Un an après le mouvement social historique des Brésiliens mobilisés contre l'investissement de 11 milliards de dollars opéré par des pouvoirs publics qui avaient promis que cette Coupe du Monde ne coûterait rien, le Brésil, où 15% de ses habitants vivent sous le seuil de pauvreté, a maintenant son hymne contre l'organisation du Mondial 2014 qui mobilise ce mois-ci 157 000 policiers et militaires et leurs gaz lacrymogènes pour « le maintient de l'ordre public », selon la formule consacrée :
Comme celle des nombreuses manifestations anti-Mondial organiséesau Brésil, l'information du licenciement de 42 grévistes du métro de Sao Paulo commandée par la FIFA et sa « Loi générale de la Coupe », a elle aussi fait le tour du monde, y compris dans les médias, parmi lesquels le quotidien français Libération a même publié, le 9 juin, une tribune tout simplement intitulée « Boycottons le foot et la Fifa ».
La pression est trop forte pour la FIFA qui, parallèlement aux affres de cette Coupe du Monde, est aussi renvoyée au rang d'une vulgaire mafia par le journaliste écossais Andrew Jennings et gravement mise en cause dans l'attribution du Mondial 2022 au Qatar, Qatar qui fait mourir des centaines d'ouvriers Népalais sur ses chantiers de construction de stades de football : l'institution a d'ores et déjà reconnu par la bouche de son président, Joseph Blatter, qui, a 78 ans, brigue un 5ème mandat, que la FIFA devait changer. Au travers de cette déclaration citée par l'AFP, suite au congrès internationale de la FIFA tenu le 9 juin, à Sao Paulo :
« Le foot n'est pas seulement un jeu, c'est devenu, qu'on le veuille ou non, une entreprise qui pèse plusieurs milliards de dollars et génère parfois des controverses et des situations compliquées. Je dois reconnaître, dans ces temps importants pour le football et pour la Fifa, que le monde change, le jeu change et le jeu de notre organisation doit changer ».
Guerre anti-FIFA et ses alliés
Alors que les Anonymous Brésil se lancent aussi frénétiquement dans la guerre anti-FIFA et ses alliés, l'affaire de la pancarte militante non retransmise par le canal TV officiel, celui de la FIFA, alors qu'elle était brandie en plein milieu de la pelouse juste avant le début du match d'ouverture du mondial 2014 opposant le Brésil à la Croatie, montre combien ce sera difficile.
Et sûrement long, très long, tout aussi long que douloureux. A l'instar, toutes proportions gardées, de l'arrivée de l'arbitrage vidéo qui pour la nouvelle ère de ce Mondial 2014, n'existe que par la Goal Line Technologie, alors qu'il aurait pu, s'il avait été étendu à un mode d'assistance complet du corps arbitral, permettre d'éviter toutes les suspicions qui pèsent aujourd'hui sur la victoire du Brésil par 3 buts à 1 face à la Croatie...
A moins que tout ne s'accélère irrémédiablement dans les prochaines semaines, avant la fin de ce Mondial, comme le raconte l'histoire de toutes les révolutions issus de l'amplication aussi soudaine qu’effrénée des crises ? Quand on voit que la FIFA n'est pas arrivée hier soir à faire sonner les hymnes nationaux, en préambule du match France-Honduras (3-0), on se dit que tout est possible !
Surtout quand un sondage Ipsos montre que six sondés sur dix (59 %), dont une grande majorité des Brésiliens (81 % sont d'accord ; 63 % tout à fait d'accord, 18 % assez d'accord), pensent que « le Brésil n'aurait pas dû organiser la Coupe du Monde parce que ces fonds auraient pu être utilisés à meilleur escient »... A suivre et à vivre, sur un air de samba !