Les civils palestiniens dans la ligne de mire de l’armée israélienne
Par N.TPublié le
Dans la bande de Gaza le temps réel n’existe plus. Il est rythmé par les attaques israéliennes. Trois guerres en cinq ans et leur lot de massacre. Et un blocus qui tue à petit feu. Reportage.
Chaiman El Masri n’a que quatre ans. Elle se trouvait à Beit Hanoun, une localité du nord de la bande de Gaza, avec sa mère, sa sœur et son frère. Tous les quatre rendaient visite à une tante. Alors qu’ils rentraient, à pied, à la maison, une roquette vraisemblablement tirée par un drone israélien, s’est abattue à une cinquantaine de mètre. La mère s’est alors mise à courir, entraînant avec elle ses enfants. Mais une deuxième roquette est tombée. Chaiman est la seule survivante. Le lendemain, sur son lit de l’hôpital al-Shifa de Gaza, blessée, elle est hagard, les yeux fixes, une main posée sur sa poupée comme une protection. Qui pourra, un jour, lui expliquer pourquoi sa mère, son frère et sa sœur sont morts. Pourquoi elle doit grandir orpheline ?
Utilisation d'armes particulièrement destructrices
En une semaine, les raids aériens israéliens dans la bande de Gaza ont fait 184 morts et près de 1.300 blessés. Selon l’UNRWA, l’organisme des Nations unies pour les réfugiés palestiniens, plus de 70% des victimes sont des civils. Et parmi eux beaucoup de femmes et d’enfants. Comment s’en étonner ? Il suffit de parcourir la bande de Gaza, un minuscule territoire, le plus densifié au monde pour comprendre. Pendant cette semaine sanglante, la population avait beau se terrer, éviter de sortir, elle était, d’une manière ou d’une autre, ciblée. « C’est la principale image de cette invasion, explique Jaber Wishah, directeur adjoint du Centre palestinien pour les droits de l’homme (PCHR). Il dénonce par ailleurs l’utilisation d’armes particulièrement destructrices, occasionnant des dégâts matériels et humains considérables ainsi que des armes déjà utilisées comme le DIME dont les blessures provoquées sont quasiment incurables et conduisent généralement à l’amputation (voir www.humanite.fr ).
Un cessez-le-feu est nécessaire, mais pas suffisant
Pour Jaber Wishah, « Israël ne pourrait pas se permettre de tels massacres, perpétrer des crimes de guerre si l’attitude des gouvernements étrangers, notamment occidentaux et arabes, était différente. Les civils doivent être protégés par la quatrième Convention de Genève. Celle-ci doit s’appliquer. » Des civils pris au piège. « Israël qu’il veut éradiquer la résistance, mais nous savions, nous, qu’en réalité le but était de tuer des Palestiniens, certifie Achraf al Qoudra, porte-parole des services d’urgence palestiniens. Des familles entières ont été assassinées. Même les hôpitaux, comme celui de Rafah au sud et les ambulances n’ont pas été épargnés. »
Si, en début de semaine, les bombardements s’étaient fait moins intense, dans la seule journée du 12 juillet, 51 Palestiniens ont été tués. Un cessez-le-feu commençait à être envisagé, pas encore établi lorsque ces lignes ont été écrites. Il est nécessaire. Pour autant, les questions restent posées s’agissant de la bande de Gaza et, plus largement pour l’avenir des Palestiniens et de la construction de leur Etat. Pour Gaza particulièrement, il faut en finir avec ce blocus inhumain appliqué par Israël qui fait des 1,8 millions de Gazaouis des prisonniers. En cinq ans, Israël a mené trois guerres contre Gaza. Un cessez-le-feu est nécessaire mais pas suffisant. La solution tient une phrase : mettre fin à la colonisation et à l’occupation des terres palestiniennes.
Pierre Barbancey