Allocation Touristique en Algérie : Une réforme attendue, mais des interrogations subsistent
Par N.TPublié le
Avec l’annonce d’une augmentation historique de l’allocation touristique, les voyageurs algériens voient enfin leur pouvoir d’achat renforcé pour les séjours à l’étranger. Cependant, des doutes subsistent quant aux impacts réels et aux modalités d’application de cette mesure.
Une augmentation inédite après 27 ans d’attente
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a récemment annoncé que l’allocation touristique passera de 100 à 750 euros par an pour les adultes et à 300 euros pour les mineurs, une première depuis 1997. Cette réforme, qui entrera en vigueur en janvier 2025, vise à réduire la dépendance des Algériens au marché parallèle des devises, tout en alignant partiellement cette aide sur les standards régionaux. À titre de comparaison, des pays comme la Tunisie et l’Égypte offrent des allocations respectivement fixées à 1 800 euros et jusqu’à 10 000 euros.
Quels avantages pour les citoyens ?
L’objectif principal est de faciliter les voyages à l’étranger en offrant un montant en devises plus adapté aux besoins actuels. Cette mesure pourrait également renforcer l’utilisation des circuits bancaires officiels, limitant ainsi le recours aux taux prohibitifs du marché noir.
Les autorités espèrent également que cette réforme encouragera un tourisme organisé et mieux encadré, notamment pour des destinations comme la Tunisie ou l’Europe. Par ailleurs, une allocation spéciale pour le pèlerinage, fixée à 1 000 dollars, sera disponible dès la prochaine saison du Hadj.
Des interrogations majeures
Malgré ces annonces, plusieurs questions restent en suspens. Les modalités d’accès à cette allocation, notamment l’éventuelle obligation de présenter un billet d’avion ou un visa, pourraient poser problème. Cette contrainte risquerait d’exclure une partie des voyageurs terrestres, particulièrement ceux se rendant en Tunisie, une destination phare pour les Algériens.
Autre point sensible : l’impact de cette réforme sur les réserves de change nationales, actuellement estimées à 72 milliards de dollars. Selon certains économistes, cette mesure pourrait coûter jusqu’à 4,18 milliards d’euros par an, pesant ainsi sur les finances publiques.
Une réforme incomplète selon les experts
Si cette augmentation est un pas dans la bonne direction, plusieurs observateurs estiment qu’elle reste insuffisante pour répondre aux besoins des voyageurs, notamment pour les séjours de longue durée ou les voyages professionnels. Ils préconisent des réformes plus globales, telles que :
- La flexibilisation des taux de change, pour réduire l’écart avec le marché noir.
- La modernisation des systèmes bancaires, afin de simplifier les transactions en devises.
Vers une mise en œuvre structurée
Un décret exécutif devrait prochainement préciser les modalités d’application de cette réforme. La transparence et l’efficacité de ce dispositif seront essentielles pour garantir son succès auprès des citoyens.
Une réforme qui suscite espoir et prudence
L’augmentation de l’allocation touristique est accueillie avec enthousiasme par une grande partie de la population, mais elle devra être accompagnée d’un suivi rigoureux pour éviter les dérives et maximiser son impact. Les défis sont nombreux, mais cette mesure marque un tournant important pour les Algériens, qui voient enfin leurs besoins en devises mieux pris en compte.