Chronique. Offensive iranienne sur Israël: la controverse
Par Hafida SeklaouiPublié le
La riposte légitime et tant attendue de l’Iran a-t-elle créé une brèche en Algérie ? Notre État est un allié de l’Iran : logique ! Mais, le peuple ne semble pas suivre…
Au lieu de se réjouir qu’enfin un grand pays tel que l’Iran décide de briser un tabou et d’attaquer l’entité sioniste dans ce qu’elle considère être faussement chez elle, la rue d’Alger grouille bizarrement de discours minimisant ces frappes ou les niant.
Les uns les mettent en doute, comme quoi c’est une mise en scène. Quand d’autres relayent carrément la thèse sioniste sur leur inefficacité. Quand le monde entier reconnaît l’impact historique de cette riposte, directe et à l’intérieur des terres occupées, quant à l’avenir même de l’entité sioniste dans la région.
Pourtant l’Algérie a de tout temps assumé son aversion envers l’entité sioniste et son soutien inébranlable envers la Palestine. Ceux qui tiennent à libérer les territoires occupés ne sont pas nombreux dans la région. Et hélas peut-être pour certains Algériens, la plupart de ces pays qui résistent aux sionistes, armes à la main, sont chiites, parmi eux l’Iran.
Pourquoi alors la règle universelle qui consiste à ce que « l’ennemi de mon ennemie soit mon ami » ne semble pas fonctionner dans les rues d’Alger, ni vraisemblablement au sein de certaines institutions ? Une professeure d’histoire au collège Bouamama ne trouvant rien de mieux à inculquer aux enfants que la «désolidarisation» avec la politique étrangère de leur pays.
Ne tenant aucun compte de sa posture de professeur d’histoire qui devrait saisir cette occasion pour introduire ces adolescents à la pensée géopolitique ; bien au contraire, du haut de son estrade, Mme la professeure, se serait déchaînée sans aucune retenue sur l’Iran induisant, ainsi, ces adolescents à construire une réflexion viscérale plutôt qu’intellectuelle.
Cette professionnelle de l’éducation nationale, aveuglée sans doute par un endoctrinement anti-chiite, en tenant ce genre de propos anti-Iran, l’allié stratégique de notre pays depuis des années, sème le doute dans l’esprit de ses élèves, quant à la pertinence des choix stratégiques de l’Algérie à l’heure où une 3ème guerre mondiale est à nos portes.
Cet endoctrinement contre le chiisme véhiculé par les wahabistes/salafistes semble avoir complètement chamboulé l’esprit de beaucoup, pouvant même mener jusqu’à une préférence sourde pour l’entité sioniste dans les cas extrêmes. Ce qui peut être considéré comme de la haute trahison des valeurs que défend notre pays a l’échelle mondiale.
Cet endoctrinement et cette haine du chiisme est notre talon d’Achille, car qu’on le veuille ou non, nos intérêts, sur plusieurs dossiers et notamment la Palestine, convergent avec ceux de l’Iran et non avec ceux des pays du golfe qui pour la plupart d’entre-eux ont fraternisé avec l’ennemi sioniste soit ouvertement sous la bannière du traité d’Abraham ou en cachette sous la table depuis des décennies.
Nous sommes à l’aire de la communication ou les faiseurs d’opinion ont l’avantage dans cette guerre sans merci. Une guerre entre un empire injuste et vieillissant qui se bat pour maintenir ses privilèges et son pouvoir unilatéral et des forces émergentes qui refusent dorénavant de se laisser obnubiler et dominer. Bien entendu, entre les deux il y a les brouilleurs de pistes, mais ceux-là ne nous intéressent que pour éviter de les prendre pour des alliés.
Les évolutions technologiques ont fait de telle sorte que la circulation de l’information ne soit plus maîtrisée uniquement par les États qui n’ont plus le pouvoir de monopoliser le narratif de leur choix et de l’imposer à tous comme une vérité absolue.
Ainsi, des vérités éclatent un peu partout dans le monde mettant en lumière des mensonges d’États, touchant parfois l’histoire avec un grand « H » et certains scandales font même vaciller les anciens empires.
Par exemple, la France est tellement inquiétée par plusieurs dossiers sulfureux, qui, d’un moment à l’autre, risquent d’éclater en plein jour, que depuis quelques temps, le gouvernement-Macroniste essaye de trouver un moyen légal de limiter l’accès à internet à ses citoyens au risque de tomber dans un système totalitaire ou l’information sera verrouillée.
C’est une véritable guerre de l’information qui est menée, et nous devons, nous Algériens, nous mettre dans la course au plus vite. Sinon, d’autres, nos ennemis, nos adversaires, raconteront leur version de l’histoire suivant leurs intérêts à nos concitoyens.
C’est un fait, nous avons un énorme problème en Algérie, si on ne fait rien, on reste dans le déni, nos ennemis pourraient bien exploiter nos faiblesses. Il faut se le dire, en termes de communication, on est vraiment au bas de l’échelle. Nos plateaux télés sont figés dans les années de plomb et nos concitoyens sont tenus à l’écart des sujets brûlants de l’actualité. Et comme l’être humain est de nature curieuse, il va s’abreuver ailleurs, ne sachant pas à quel saint se vouer, le risque est grand de boire à une source empoisonnée.
C’est ce qui a dû se passer lors de la riposte iranienne et qui a induit certains dans la confusion, car, ils se sont abreuvés à la fontaine de la fake-news. Il faut savoir, que pour en minimiser la portée, dès le lendemain, très tôt, l’entité sioniste a fait diffuser sur tous les média meanstream occidentaux et même sur certaines chaînes arabes que son armée avec l’aide de ses alliés ont neutralisé 99% des frappes iraniennes. Que je sache, ces forces occidentales n’ont pas pu neutraliser ces même drones iraniens dans le conflit russo/ukrainien, pourtant, démettre la Russie, tel est leur désir le plus profond.
99% ? Ce chiffre est si exagéré qu’il avoue de lui-même que c’est un mensonge, mais tout le monde l’a ânonné sans le vérifier. Car, il ne s’adressait pas à la partie logique, mais au cerveau émotionnel qui se nourrit de préférence du sensationnel et de l’illusion.
L’arme redoutable qu’est la fausse-rumeur a le pouvoir de faire tomber un gouvernement, de renverser un pouvoir ou de ruiner une réputation : on l’a vu avec les révolutions colorées, notamment la révolution orange en Ukraine en 2004.
Éduquer le peuple aux médias afin qu’il puisse découdre les biais psychologiques à l’œuvre dans la manipulation médiatique est primordial dans cette guerre.
En effet, nos services de communication en Algérie sont certainement conscients qu’ils doivent se saisir des sujets qui circulent et passionnent l’opinion internationale et offrir à nos concitoyen une grille de lecture qui convient le mieux à nos intérêts.
Mais, ça tarde à venir… Je pense en imaginer la cause : on se maintient à l’écart des tumultes du monde et par la grâce de Dieu la vague ne nous touchera pas. Car, il faut admettre que certains sujets sont vraiment compliqués et complexes et risquent de déchaîner les passions des uns et des autres dans notre pays. On en est tous conscients, c’est pour ça qu’on donne l’impression de regarder ailleurs. Hélas, nos ennemis, eux, ne regardent pas ailleurs, ils nous ont dans le viseur.
Depuis la décennie noire, bien que l’armée ait vaincu les islamistes militairement, le peuple algérien a été infecté, bien souvent malgré lui, par le virus wahabiste/salafiste. Parce que nos politiques ont choisi la prudence à l’époque et n’ont jamais ou insuffisamment officiellement su vraiment condamner clairement ce courant islamiste terroriste qui a fait : un quart de million de morts, des milliers d’estropiés, des millions de migrants, des déracinés en veux-tu en voilà et que dire des milliers de déplacés ? Ils ont déferlé sur certaines régions transformant ainsi brutalement et à jamais leurs us et coutumes locales. Ces autochtones ont assisté impuissants au rapt de leur vie d’avant.
De plus, il y a eu un enrichissement honteux de la part de certains qui ont surfé sur la vague du terrorisme. Au lieu d’être condamnés par la justice, les voilà devenus les nouveaux notables de l’Algérie.
Après tous ses crimes non punis, et sa grande violence à l’égard des Algériens, le courant wahhabiste/salafite s’est immiscé forcément dans les esprits. Si bien, que l’algérien en majorité craint quelque peu d’afficher son opinion profonde et peut être son aversion pour ces criminels même en secret à lui-même, par instinct de survie. Il montre patte blanche pour ne pas être accusé d’être un mécréant. Car, ces monstres Wahhabistes/salafistes ont réussi à introduire dans nos cerveaux que si on était hostile leur courant de pensée, quelque part on se mettait en opposition à l’islam, le véritable. Car, ce courant prône soi-disant la rigueur de l’islam originel, alors que rien n’est moins vrai : le wahhabisme est une construction anglo-saxonne récente pour détruire les nouvelles nations arabes.
En Algérie, le terrorisme nous a pris de court. Un jour on a basculé des siècles en arrière de 1988 au moyen âge musulman. L’islamisme qui s’est abattu sur notre société était si soudain et si violent, que malgré notre résistance, une partie de nous a cédé aux concepts wahhabistes/salafistes pour pouvoir survivre.
Je n’ai pas peur de le dire : l’Algérie souffre encore aujourd’hui du syndrome de Stockholm. Et la riposte iranienne envers l’entité sioniste vient mettre la lumière sur cette dissonance, cette ambivalence envers le bourreau d’hier.
Surtout depuis le 07 octobre, grâce au touffane el aq’ssa, personne ne peut avoir de doute sur l’allégeance des wahhabistes salafistes envers l’entité sioniste et le clan anglo-saxon à moins d’être de mauvaise foi.
Depuis cette décennie noire, nous n’avons pas entamé notre guérison de ce virus. Car notre l’Algérie traumatisée, de crainte qu’il ait une scission entre les Algériens et qu’on retombe dans la violence, a choisi de tenir loin des débats la communauté de certains sujets d’actualité, certaines révélations historiques : en quoi consiste les courants religieux ? D’où ça vient ? que sait-on réellement de notre histoire religieuse ? …
Si nos plateaux de communication n’ont pas évolué avec l’époque et que pas un ténor de la com n’a percé jusqu’à présent, quelque part c’est une stratégie de défense collective pour éviter à notre société l’émergence de sujets qui fâchent.
Mais aujourd’hui, nous n’avons pas le choix, nous sommes à la veille de la 3eme mondiale, nous devons nous réveiller vite et choisir consciemment avec toute la connaissance possible qui sont nos amis auprès de qui se battre et qui sont nos ennemis qu’on doit combattre.
Si nous souhaitons que l’Algérie soit sur l’échiquier du monde : let’s wake up !