manifestation_algerie_19_02-2011.jpg

Algérie: les forces de répression ont grièvement blessé des figures de proue de la contestation

 

Inutile de se demander sur le nombre de manifestants présents à place du 1er Mai, les uns empêchés d’atteindre le point de départ de la marche et les autres repoussés dans des ruelles éloignées du lieu de rassemblement. «L’attroupement est interdit», justifiaient ceux qui, armés du nécessaire antiémeutes, usaient de boucliers et autres matraques pour mettre en échec toute tentative de regroupement.

Avec autant sinon plus d’acharnement sur celles de la mi-journée, rue Belouizdad, que sur leurs devancières, violemment réprimées au niveau de la place du 1er Mai et de la nouvelle station des busau Champ-de-Manœuvres.*

Un député du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et le président du syndicat national des personnels de l’administration publique (SNAPAP), victimes tous les deux de coups de pieds et de matraque sur la tête, le visage et à l’abdomen, furent évacués à l’hôpital dans un état critique. Ali Yahia Abdennour lui-même a été méchamment brutalisé par des policiers en mission de réprimer sans se demander si, à 90 ans, ce vieux militant de la cause nationale et des droits de l’homme ne méritait pas plus de considération.

«Le temps seulement de reprendre mon souffle…Je ne déserterai pas les rangs», a répondu aux jeunes qui ont vu les agents de l’ordre en train de le pousser dans l’entrée d’un immeuble de la rue Belouizdad.  Bien d’autres manifestants eurent à subir le même traitement par un dispositif autrement plus agressif que celui du 12 février.

Aux interpellations et autres interrogatoires ont succédé, cette fois, la provocation et la violence. Le pouvoir sait que l’action disciplinée de la CNCD est inscrite dans la durée, et seule une réaction par la casse et la violente justifierait, aux yeux des capitales étrangères, une répression «éclaire et efficace» de la contestation.

Le piège a lamentablement échoué

«On ne répondra pas à cette provocation par une provocation», a tranché Me Bouchachi, le président de la ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), pas du tout surpris par l’apparition de quelques désoeuvrés du quartier de Belcourt, payés pour empêcher le déroulement pacifique de la manifestation. Ni par l’entrée en scène d’une poignée d’islamistes venus, comme en octobre 1988, faire de la récupération.

Le piège a lamentablement échoué et la CNCD, malgré quelques lézardes superficielles, n’affiche pas de signes de démobilisation. Le nombre de manifestants, nettement plus élevé qu’à la marche du 12 février, témoigne de l’adhésion des citoyens aux mots d’ordre de changement et de démocratie même si, à plus ou moins six mille, il n’égale pas encore celui des forces de l’ordre.

Toujours autour de trente mille, ces hommes en bleu n’étaient pas moins imposants que lors du dernier événement. Sur la route à grande vitesse reliant Thénia à la capitale et sur tous les axes routiers qui permettent l’accès à la place du 1er Mai. La mise à l’arrêt des transports publics et des trains a facilité la tâche aux policiers, nombreux au niveau des barrages filtrant.


F.M