Le bilan de Bouteflika : la main vainement tendue aux terroristes et l’explosion de la corruption

Elu président en avril 1999 et en avril 2004, Abdelaziz Bouteflika prépare donc officiellement le terrain à un troisième mandat.  Sauf retournement de dernière minute, il sera sûrement une nouvelle fois investi.Pour un premier bilan, l'histoire retiendra qu'il aura vainement tenté de ramener les terroristes islamistes à la raison, à travers une politique dite de "réconciliation nationale", mais sans jamais y parvenir. Hormis quelques périodes de relatives accalmies, le terrorisme demeure une menace permanente et qui plus est à présent sous l'égide d'Al-Quaïda au Maghreb pour qui l’Algérie est devenue le maillon faible dans la région.

Les deux mandats successifs de Bouteflika ont également été marqués par une explosion de la corruption à tous les échelons de l'appareil de l'Etat et dans le secteur public. Les grandes réformes, notamment du secteur éducatif, de l'Administration et de la Justice, promises jadis par le candidat, sont restées lettre morte.

Au plan économique, les investissements tant publics que privés n'ont jamais vraiment décollé, cédant plutôt le terrain à la prolifération du commerce de bazar, le trafic à grande échelle, l'importation anarchique de biens de consommation, la spéculation et la recherche de l'argent facile. La pratique du négoce est quasiment devenue le seul idéal de la jeunesse, par ailleurs plombée par le chômage et l'absence de perspectives.

Les gouvernements de Bouteflika se seront distingués par un acharnement sans précédent sur la presse, bâillonnent tout ce qui n'est pas aux ordres et nourrissant grassement les feuilles de choux copies conformes à l'ordre établi. La censure qui souille honteusement la 13ème édition du Salon du livre d'Alger donne une poussée supplémentaire à ce mouvement de régression.

L'histoire retiendra enfin le triste sort des haragas, enfants maudits de l'Algérie qui tentent désespérément de "couper" la mer pour rechercher ailleurs quelques brins d'espoir.

La Constitution amendée, Bouteflika entamera à n'en point douter un troisième mandat. Son état de santé ne lui permet pas de faire campagne, mais le pouvoir n'en garde pas moins toujours la haute main sur les chiffres du scrutin, qui annoncera à coup sûr un score à la "Soviétique".

Au plan politique, la seule question qui mérite finalement d'être posée est celle de l'après Bouteflika.