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Syrie : le double discours d’un régime au pied du mur

Après plus d’un millier de morts et de 10.000 réfugiés, le président syrien Bachar Al-assad, dont les troupes traquent les opposants, tirent à vue sur les manifestants, investissent les villes rebelles, pillent, torturent et violent les populations sans défense, bombe le torse et s’accroche au pouvoir.

Dans un troisième discours mêlé aux bruits des armes, l’héritier dictateur crie sans surprise au complot, tout comme Ben Ali et Moubarak en leur temps, et fustigent des «saboteurs» qui sèmeraient «le chaos» pour justifier les agissements de ses soldats et policiers.

Tandis que la répression s’intensifie au fil des «vendredis de la colère», Bachar Al-assad évoque un «dialogue national», une nouvelle Constitution et des élections législatives en août !

Le message est évidement destiné à la Communauté internationale dont les condamnations commencent à peser et sans doute également aux alliés russes et chinois nécessairement de plus en plus embarrassés devant l’extension de l’insurrection, le nombre croissant de victimes et de réfugiés et la dégradation de la situation humanitaire.

Surtout, le chef de l’Etat syrien adapte aussi son discours aux dernières évolutions dans le camp de l’opposition. D’abord sonnée, divisée, désorganisée et surtout affaiblie par une répression permanente, celle-ci commence à resserrer les rangs et à s’organiser.

Des opposants syriens ont formé à leur tour un « Conseil national » proclamé cette fin de semaine à la frontière turco-syrienne. Ils ont appelé à «coopérer dans toutes les villes et provinces de Syrie pour réaliser le but légitime de faire chuter le régime et le traduire en justice».

La crise syrienne entre peut-être ainsi dans une nouvelle phase de confrontation entre un pouvoir usé et contesté et une opposition porteuse d’un nouveau projet de société. Bachar Al-Assad est désormais au pied du mur, contraint à un double discours de fermeté et de promesses de changement pour tenter de se maintenir au pouvoir.