Kobané résiste au rouleau compresseur de l’Etat islamique

Les combattants Kurdes opposent une résistance héroïque. Les américains leur larguent armes et minutions, tandis qu’Ankara consent à laisser passer les renforts en provenance d’Irak.

Les unités Kurdes de protection du peuple (YPG) livrent une guérilla urbaine aux troupes islamistes pourtant beaucoup plus nombreuses, mieux armées et qui ne cessent de recevoir des renforts en provenance des territoires qu’elles contrôlent en Syrie. Les frappes de la coalition jusque-là étrangement inefficaces ont fini par ralentir la progression de l’EI, lui infligeant de lourdes pertes. Les raids américains s’étant par ailleurs intensifiés ces derniers jours (plus de 135 frappes depuis le début). Dès lors, la donne a brusquement changé en faveur des forces kurdes.

Convaincus que la chute de Kobané n’est plus une fatalité, Américains et Turques adoptent du coup une autre attitude. Washington a pris l’initiative de venir concrètement en aide aux combattants des YPG. Trois avions C-130 américains ont largué, à l’aube du lundi 20 octobre, des armes, des minutions et du matériel médical sur les positions occupées par les YPG. Ces stocks sont officiellement fournis par les autorités kurdes d’Irak. C’est la première fois que les américains opèrent de cette façon et ils pourraient vraisemblablement renouveler les largages. « Il serait irresponsable et moralement très difficile de ne pas aider » les Kurdes qui combattent l'EI, a déclaré le secrétaire d'Etat américain, John Kerry.

Second retournement : Ankara qui était jusque-là farouchement opposé à tout soutien aux Kurdes syriens, considérés comme des alliés du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) turc en lutte pour l’autonomie du sud-est de la Turquie, annonce qu’elle ouvre la voie à l’entrée des peshmeragas venus d’Irak en renfort. Ces derniers peuvent désormais rejoindre les rangs des combattants YPG en passant par le territoire turc.

L’approvisionnement en armes et le renforcement des unités combattantes kurdes crée une nouvelle configuration sur le terrain. Les troupes de l’EI qui étaient parvenus à progresser vers le centre de Kobané pourraient subir les premiers revers depuis leur entrée dans la ville le 6 octobre.