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Des Algériens s’immolent par le feu, le gouvernement reste de marbre

Silence radio! Le gouvernement algérien n’a pas soufflé un mot sur le phénomène de l’immolation qui évolue d’une manière inquiétante à travers le pays. Pas moins de dix tentatives ont été signalées en l’espace d’une semaine seulement. Des jeunes, des pères de famille et même des femmes se donnent la mort par les flammes. Ce type de suicide est devenu pour les Algériens en détresse un mode d’expression du ras-le-bol.

Un quadragénaire, père de six enfants, habitant à El Oued a tenté, mercredi 19 janvier, de s’immoler par le feu. Vendeur à la sauvette de produits alimentaires, Afif Hadri  avait été empêché par la police de vendre sa marchandise. Suite à une dispute avec l’agent de sécurité, ce père de famille s’est immolé. Le pire a été évité de justesse grâce à l’intervention des citoyens présents sur place.

Mardi, 18 janvier, une femme, âgée d’une quarantaine d’années, a tenté de s’immoler par le feu dans la localité de Sidi Ali Benyoub, wilaya de Sidi Bel Abbes, située à 600 km à l’ouest d’Alger. Cette femme qui habitait une maison insalubre a appris que les services sociaux de la commune lui refusaient une aide pour restaurer son logement. Désespérée, elle s’est aspergée le corps avec un liquide inflammable avant de craquer une allumette. Fort heureusement, les services de secours sont arrivés à temps.

Auparavant, six Algériens avaient tenté déjà de s’immoler par le feu pour dénoncer la pénurie d’emplois, l’injustice et les mauvaises conditions de vie. Dimanche 16 janvier, à Oum El Bouaghi, à l’est du pays, Mehanaine Karim, 38 ans, père de 3 enfants, a tenté de se suicider à l’intérieur d’une caserne de pompiers pour protester contre une décision de mutation dans le sud prise par sa direction. L’intervention du wali (préfet) a permis d’éviter l’irréparable.

Un jeune chômeur s’est également aspergé le corps d’essence le même jour devant la direction de la sûreté de wilaya de Mostaganem, 350 kms à l’ouest d’Alger. Le drame a été évité de justesse quand des policiers ont accouru pour secourir l’homme alors qu’il mettait le feu à ses vêtements.

Même si le sujet fait l’actualité dans la presse, le pouvoir reste quant à lui étrangement silencieux devant la multiplication de ses actes. Ni déclaration, ni communiqué. Selon des  sources, le chef de  l’Etat aurait demandé l’ouverture d’une enquête sur ce phénomène, mais aucune suite n’a été donnée à.

Des partis politiques et les organisations des droits de l’homme multiplient les appels pour l’ouverture d’un débat général sur la situation sociale et politique du pays, mais en vain. Les  pouvoirs tournent le dos aux appels en laissant la rue bouillonnée.

La  marche populaire à l’appel du parti d’opposition RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie) pour le samedi 22 janvier a peu de chance d’être maintenue. Le gouvernement a refusé de donner son  autorisation. Des brigades anti-émeutes ont été mobilisées pour quadriller les rues de la capitale ces derniers jours.