Algérie: la marche du RCD violemment réprimée
Par N.TPublié le
Le RCD a maintenu sa décision d’organiser la marche prévue entre la place du 1er mai et l’Assemblée populaire nationale, et le pouvoir sa détermination à réprimer toute manifestation contre le régime en place. Résultat : les policiers chargent violemment les manifestants prêts à se mettre en ordre de marche et poursuivent, matraques à l’œuvre, des militants et cadres à l’intérieur du siège régional, sis rue Didouche (ex-Michelet).
Une violence à l’origine d’un nombre important de blessés, dont un membre de l’exécutif du parti et le président du groupe parlementaire, et de nombreuses arrestations. Pour autant, les échauffourées ne se sont éteintes ni à l’intérieur des locaux ni sur la célèbre artère de la capitale, où d’autres manifestants ont, une fois de plus, vainement tenté de forcer le dispositif policier qui bloquait le passage vers la place du 1er mai, point de départ de la marche prévue ce samedi 22 janvier.
Il était à peine 10h30, 10h45 tout au plus, et l’affrontement entre manifestants et policiers ne s’estompa que deux heures plus tard. Bien après que mouvements de foules et bruits de bottes ne changèrent un moment le décor sans vie des quartiers Meissonnier, le Sacré cœur et autres Ghermoul.
Du côté de la maison du peuple, au champ de manœuvres, ou de la place de la liberté de la presse, au moulin, où les rassemblements se déroulaient sans grande affluence, les forces de l’ordre ont dispersé sans trop de vagues les foules. «Une initiative feu de paille», jubilent d’ailleurs des «soudards» aux ordres des partis de l’alliance présidentielle.
Ni bus ni trains
«Ce n’est que partie remise», promettent en tout cas des marcheurs empêchés d’être de l’évènement à l’entrée même d’Alger. Les forces anti-émeute, positionnées sur l’itinéraire de la marche et à des endroits dits stratégiques, dont la place du 1er mai et le siège du parti, étaient en effet soutenues par un impressionnant dispositif de sécurité qui quadrillait la capitale depuis ses frontières est, ouest et sud. Aucune voiture ne pouvait échapper à la vigilance des barrages filtrant dressés à l’entrée de la ville.
«Comment y être quand ni bus ni trains ne sont autorisés à circuler en direction d’Alger ?» se plaignent ces banlieusards déçus d’avoir raté «le rendez-vous du 22 janvier» mais résolus d’être de «celui du 9 février». Des syndicats autonomes, des associations de la société civile, la LADDH et des partis politiques, dont le FFS et le RCD, ont en effet convenu hier d’une marche nationale prévue le 9 février à Alger. Une initiative qui aura pour mots d’ordre notamment la levée de l’état d’urgence, une vraie démocratisation de la vie publique et la libération des détenus arrêtés lors des évènements du début janvier. Sans doute l’initiative à laquelle faisait allusion Sadi, répondant hier à la question d’un confrère relative aux suites attendues des évènements d’aujourd’hui.
Les forces du changement sont ainsi décidées à avancer…Et celles de la répression à ne pas reculer. Une situation désormais faite d’affrontements annonciateurs de lendemains du moins exempts de hogra et de harga, de cette mal-vie sans précédent et corruption élevée au rang de système de gouvernement.
Les États Léviathan ont pour principe de s’appuyer sur leur monopole de la violence et, craignant un effet domino, en usent pour tuer dans l’œuf l’éventualité d’un remake du scénario tunisien. En Algérie comme partout où les notions de modernité politique et d’alternance au pouvoir sont un vain mot.
F.M