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Algérie: situation sous haute tension à l'approche d'une "marche populaire"

Les services de sécurité stationnent aux portes des locaux du RCD (parti d'opposition) ce samedi matin, surveillant étroitement les allées et venues avant la marche qui doit s'ébranler vers 11 h de la Place du 1er Mai en direction de l'Assemblée générale. Des sources confirment que la situation est extrêmement tendue à Alger.

D'autres sources indiquent par ailleurs que des bus transportant des étudiants en provenance de Tizi Ouzou (100 Km à l'est d'Alger) ont été bloqués. Les accès à la capitale étaient tous étroitement surveillés durant toute la journée d'hier et le dispositif est renforcé ce matin. A l'évidence, le pouvoir entend faire une démonstration de force pour dissuader tout volonté de contestation. Mais il n'est pas sûr qu'il y parvienne.

La société civile s'est en effet mise en mouvement et elle pourrait bien donner du fil à retordre aux autorités. Jusque-là, les partis politiques d'opposition et associations ont seulement soutenu le soulèvement des jeunes chômeurs et laissés-pour-compte, sans appeler à sortir dans la rue. Il semble qu'à présent ils sont déterminés à se constituer en front d'opposition à un pouvoir.

Des syndicats, des associations et des partis politiques se constituent en fédération nationale des forces du changement et appellent à une marche le 9 février prochain à Alger pour exiger la levée de l’état d’urgence.

La décision a été prise à l'issue  d’une rencontre tenue, ce vendredi 21 janvier, à la Maison des syndicats à Alger, rencontre organisée sous l'impulsion de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme et de deux puissants syndicats des fonctionnaires, le syndicat des enseignants de lycées (CLA), et la Coordination sections CNES (enseignants de l'enseignement supérieur). S'y sont joints de nombreuses organisations de la société civile (le Collectif des familles de disparus en Algérie (CFDA), le Rassemblement action jeunesse (RAJ), le Comité des étudiants de l’université de Tizi Ouzou, le Comité des chômeurs du Sud, le Collectif Algérie pacifique...) ainsi que des partis de l’opposition (Front des Forces Socialistes (FFS), Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), le Mouvement Démocratique et Social (MDS).

L'état d'urgence a été sévèrement dénoncé. «On nous interdit de faire des marches, des rassemblements, des sit-in... Sans liberté, on ne peut défendre les droits des travailleurs (pacifiquement)», a soutenu Rachid Malaoui du Snapap.

Selon Me Ali Yahia Abdenour, président d’honneur de la Laddh, «il faut que l’état d’urgence soit levé. Cela permettra la libération du champ politique et médiatique, l’exercice des libertés individuelles et collectives, la liberté de la presse et l’indépendance de la justice».