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Écrans des Nouveaux Cinéma(s) arabes : trois questions à Marcel Siguret, co-président de l’association marseillaise

La 4ème édition des « Ecrans des Nouveaux Cinéma(s) arabes » organisée par l’Aflam a lieu du 23 au 31 mai 2011 à Marseille. Les films sont présentés au cinéma Les Variétés et à la bibliothèque de l’Alcazar (1er). L’Aflam a rassemblé des films des années 2009 et 2010 représentatifs du cinéma des pays arabes. Marcel Siguret, co-président de l’association marseillaise nous apporte son éclairage sur la sélection.

Mediaterranee_. A la vue des événements en méditerranée, la 4ème édition des « Ecrans des Nouveaux Cinéma(s) Arabes » est-elle différente des années précédentes ?

Marcel Siguret: La force de cette édition réside dans la rencontre des films avec l’actualité. Mais notre cinéma n’a pas provoqué les révolutions et les révolutions ne nous ont pas conduit a créé cet événement. Nous sommes contents que les choses bougent dans ces pays car les temps de rupture avec l’habitude et le conservatisme sont des temps de création. La parole, l’image se libèrent. Les équipes de cinéma tournent tout le temps, happés par les événements. Il en sortira forcément quelque chose mais le résultat n’est pas immédiat. Le cinéma n’est pas de l’actualité et il ne suffit pas d’appuyer sur un bouton de caméra pour faire un film ou un scénario.

_.Les films présentés incarnent-ils le vent de liberté qui souffle dans les pays arabes ?

Des thématiques nouvelles s’ajoutent aux thèmes habituels : le viol et l’inceste sont racontés et la forme des récits est moins conventionnelle. Les plus jeunes réalisateurs s’emparent des nouvelles techniques et font des recherches différentes grâce à un matériel plus léger. Ils se moquent des conventions, ils inventent. Pourtant il est très difficile de dire que les films sont annonciateurs de quelque chose même si certains films montrent des préoccupations nouvelles.

_.Y a-t-il des films qui vous ont particulièrement marqué ?

Le film Fragments de Hakim Belabbes est très bien, tout comme le film "La mosquée" de Daoud Aoulad-Syad, mais je ne suis pas pour les choses exclusives. Tous les films sont différents et c’est d’ailleurs parce qu’ils nous ont plu qu’on les a sélectionnés. Si on pouvait dire qu’il y a des films annonciateurs, Microphone d’Ahmad Abdalla serait de ceux là. Le film présente l’opposition entre la jeunesse d’Alexandrie qui a envie de s’amuser et une société qui ne bouge pas. Or l’un des plus graves événements qui a eu lieu en Egypte cet hiver est le tabassage à mort d’un jeune homme par les flics dans les rues d’Alexandrie. L’actualité et le film se rencontrent de cette manière.

Propos recueillis par Isabelle Appy