Libye : report de l'élection présidentielle
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Le parlement libyen a déclaré que l'élection présidentielle prévue ce vendredi n'aurait pas lieu, laissant le processus de paix soutenu par la communauté internationale dans le chaos et le sort du gouvernement intérimaire dans le doute.
La commission électorale a proposé de repousser la date du scrutin d'un mois au vu du retard accumulé dans les différentes procédures pré-électorales. Ce report était d’autant plus prévisible que plusieurs contestations ont été signalées y compris sur l’éligibilité de certains candidats.
Ces élections présidentielles, les premières de l’histoire du pays, représentent un enjeu majeur pour amorcer un processus de paix qui avait été considéré comme le meilleur espoir depuis la décennie de chaos et de violence qui a suivi la chute du commandant Kadhafi en 2011.
Un grand nombre de Libyens s'étaient déjà inscrits pour obtenir une carte de vote pour l'élection, ce qui, selon les politiciens de tous bords en Libye, est le signe d'un fort désir populaire pour pour l'organisation d'un scrutin. L'ambassadeur américain a déclaré mercredi que les travaux en vue des élections devaient rester une priorité.
La mobilisation des groupes armés à Tripoli et dans d'autres régions de l'ouest, et l'échec du processus électoral risquent d'aggraver les différends locaux et de déclencher une nouvelle série de combats. Le processus de paix soutenu par les Nations unies entre les principaux camps de l'est et de l'ouest de la Libye, qui ont maintenu un cessez-le-feu depuis l'année dernière, paraît aujoud'hui bien compromis.
La reprise du conflit pourrait entraîner des arrêts de la production de pétrole par les groupes armés, ce qui affecterait les finances de l'État. Cette semaine, un groupe a fermé trois champs importants. Parallèlement, le statut du gouvernement intérimaire mis en place en mars dans le cadre du même processus de paix est également menacé.
Un processus laborieux, chapeauté par l'ONU
Le scrutin avait été initialement organisé dans le cadre d'une feuille de route soutenue par l'ONU, qui prévoyait des élections parlementaires et présidentielles simultanées le 24 décembre, jour de la fête nationale libyenne. Cependant, il n'y a pas eu d'accord sur la base constitutionnelle de l'élection et sur les règles entre les institutions politiques fragmentées. Dès lors, l'entrée de candidats très divisés dans la course à la présidence a provoqué l'echec du processus.
Le chef de la commission électorale, Emad Sayeh, a déclaré dans un communiqué que le processus avait connu des difficultés parce que les règles ne permettaient pas de traiter les différends relatifs à l'éligibilité.
Les trois candidats les plus en vue, le commandant de l'Est Khalifa Haftar, Saif al-Islam Kadhafi et le Premier ministre par intérim Abdulhamid al-Dbeibah, étaient également les trois candidats les plus clivants. Haftar est considéré par beaucoup à l'ouest de la Libye comme une menace après son assaut de 2019 sur Tripoli qui a détruit une bonne partie de la capitale. Kadhafi a été condamné pour crimes de guerre par un tribunal de Tripoli et représente la continuité de la politique de son père. Quant à Dbeibah, il avait promis lors de son installation en tant que premier ministre qu'il ne se présenterait pas à une élection avant de changer de cap.