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Gaza, le miroir brisé de l'Europe (Abonnés)

L’Union européenne se découvre aujourd’hui une conscience. Après un an de bombardements, de famine et d’assassinats à Gaza, les dirigeants des Vingt-Sept affirment vouloir jouer un rôle « plus actif » dans la préservation du cessez-le-feu conclu entre Israël et le Hamas.

Les mêmes qui, hier encore, se réfugiaient dans le mutisme et l’ambiguïté, promettent désormais d’acheminer de l’aide humanitaire, de soutenir la stabilité de l’enclave, voire de participer au nouvel organe de surveillance du plan de paix américain. L’UE semble décidée à monter dans un train qui est déjà parti -celui du cessez-le-feu négocié par Washington-, espérant regagner une crédibilité diplomatique qu’elle a perdue dans le fracas des bombes.

Mais ce réveil tardif ne saurait effacer des mois de silence. Alors que des milliers de civils étaient ensevelis sous les décombres, que les hôpitaux manquaient de tout et que l’armée israélienne menait une campagne d’extermination à huis clos, Bruxelles s’est contentée de formules prudentes et de condamnations « équilibrées ». Pas une sanction, pas une suspension de l’accord d’association avec Israël -pourtant un levier économique considérable- n’a été mise en œuvre. L’Union a préféré la posture du spectateur à celle de l’acteur. Aujourd’hui, elle se dresse en défenseuse du cessez-le-feu, comme si le poids de son inaction ne pesait pas déjà sur sa crédibilité morale et politique.

L’Espagne, l’Irlande, la Slovénie, sauvent l’honneur

Ursula von der Leyen, qui n’avait pas hésité à exprimer sa « solidarité inconditionnelle » avec Israël dès les premières heures du conflit, promet désormais de « faire pression » sur Tel-Aviv pour obtenir la paix. En septembre, elle avait évoqué l’idée de sanctions commerciales, avant que cet élan ne s’éteigne à la faveur de l’accord arraché par les États-Unis. Entre les lignes, on lit surtout la peur de froisser un allié stratégique. Les capitales européennes se divisent, hésitent, temporisent. Seuls quelques pays -l’Espagne, l’Irlande, la Slovénie-  ont osé franchir le pas en imposant un embargo sur les armes ou en reconnaissant l’État palestinien. Ailleurs, on continue de parler d’« équilibre » pendant qu’un peuple entier meurt de faim.

 

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