Population impliquée et main de fer du régime : comment le Maroc fait face à la pandémie
Par N.TPublié le
Masques, gel, tests, filet social, couvre-feu nocturne pour le ramadan… Le royaume active un solide dispositif face au Covid-19, avec l’adhésion de la population et d’une main de fer.
Au Maroc, le coronavirus trouve pour l’instant à qui parler. Le royaume est le troisième pays du continent africain le plus touché par l’épidémie, mais celle-ci marque le pas, stoppée jusque-là par un solide dispositif de barrières sanitaires mis en place quelques jours après l’apparition, le 4 mars, du premier cas. L’État d’urgence sanitaire a été décrété le 20 mars, et le confinement généralisé est en vigueur depuis le 25 mars. Le pays compte 3 537 cas confirmés, 151 décès, 430 guéris, et 17 295 cas « exclus suite à un résultat négatif du laboratoire », à la date du jeudi 23 avril, peut-on lire sur le Portail officiel du coronavirus au Maroc.
Un objet fait la fierté des marocains : le masque
Un bilan des plus rassurants au regard de l’hécatombe qui fait la triste actualité des pays riches. Un objet fait la fierté des marocains : le masque. Le royaume en a à revendre, une dizaine d’usines textile mobilisées en fabriquent des millions au quotidien. Obligatoire depuis le 7 avril, la protection est disponible dans quelque 72 000 points de vente, des pharmacies, des épiceries, des kiosques à tabac, cédée à 8 dirhams, soit 70 centimes d’euros le paquet de dix. Fabriqué sur place, le gel hydroalcoolique ne connaît pas non plus de pénurie, son usage est vite entré dans les mœurs du confinement. La presse locale évoque par ailleurs la fabrication en cours de plusieurs centaines de respirateurs artificiels « 100 % Maroc », mais pas seulement. Il est aussi question de « dépistage de masse », engagé début avril avec un objectif de 10 000 tests par jour. Plus de 12 000 chambres d’hôtel sont enfin mises à disposition des soignants depuis le 25 mars.
Des plans d’aides financières pour les travailleurs et les entreprises
La stratégie sanitaire se double d’une protection économique et sociale. Quelque 810 000 salariés du secteur formel, brusquement inactifs et sans ressources, percevront 180 euros par mois jusqu’en juin, soit 75 % du Smic. La grande masse des travailleurs du secteur informel devrait pouvoir aussi bénéficier d’un plan d’aide financière, entre 75 et 112 euros par mois. Ils sont identifiés à travers le Régime d’assistance médicale (Ramed) ou appelés à s’inscrire auprès du mokademe (sorte de délégué de l’autorité publique), œil et bras du Palais dans les quartiers. Les entreprises, enfin, sont exonérées de charges sociales jusqu’en juin pour celles qui maintiennent au moins 80 % de l’emploi. À moins de 20 % de salariés conservés, elles régleront leurs charges en différé. Seul revers, et pas des moindres, de ce vaste dispositif : il s’accompagne d’une main de fer. Polices et parquets ne chôment pas sous le confinement.
Source: humanite.fr