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« Grand Marseille »: le maire veut passer à la vitesse supérieure

Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, appelle de tous ses vœux à la création d’une «gouvernance métropolitaine» qui donnerait enfin à sa ville une place de premier plan sur l’échiquier territorial.

Très attendu, le point concernant cette question a suscité un vif débat durant le Conseil municipal du lundi 27 juin et a surtout permis au maire de s’offrir le plaisir de la division de l’opposition socialiste devant cette question.

Enjeu : la possibilité désormais ouverte par la loi du 16 décembre 2010 sur la réforme des collectivités locales de renforcer l’intercommunalité. Les communautés urbaines ont ainsi le choix de se constituer en Pôle Métropolitain sur la base de la libre adhésion des structures existantes ou de se transformer en Métropole.

Dans ce dernier cas, les collectivités auront des compétences supplémentaires en prenant notamment en charge des secteurs qui relèvent actuellement du Conseil Général (transports scolaires, routes départementales, promotion du territoire à l’étranger…). Le Pôle Métropolitain est en revanche piloté par le Conseil général qui se doit d’organiser et de renforcer la coopération départementale.

Jean-Claude Gaudin a fait son choix : la Métropole et vite. La ville de Marseille constituant plus de 80% des habitants de la Communauté urbaine, il demande à ses élus d’approuver le vœu de voir l’assemblée de cette dernière «inscrire à l’ordre du jour de l’une de ses prochaines séances un rapport permettant de se transformer en Métropole au sens de la loi du 16 décembre 2010».

Le maire de Marseille estime que «le Pôle Métropolitain sera compliqué et long à construire», tandis que «la Métropole dépend de nous, de nous seuls et peut exister dès la fin de cette année», argumente-t-il. Autrement dit : pas question de laisser le terrain à Jean-Noël Guerini, président socialiste du Conseil général des Bouches-du-Rhône.

Les amis de ce dernier montent au créneau. «Il nous semble que votre vision de l’avenir masque une volonté hégémonique qui tendrait à faire de Marseille le vaisseau amiral de notre territorialité», dénonce le socialiste Christophe Masse. «Chez vous, chez vos amis, le choix n’est orienté que par une volonté d’affaiblir les positions de vos adversaires politiques», martèle-t-il sans doute avec raison, car Jean-Claude Gaudin fait mouche effectivement.

Deux autres socialistes et pas des moindres donnent un autre son de cloche qui révèle une division sur fond de bataille interne à la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône.

Eugène Caselli, président de la Communauté Urbaine de Marseille, concerné donc au premier chef par le vœu de Jean-Claude, et le sociologue Jean Viard servent tour à tour un discours alambiqué qui salue la métropolisation tout en déclarant qu’il ne prendront pas part au vote de la délibération proposée par le maire, tandis que le reste de leurs camarades s’y oppose franchement. Et Jean-Claude Gaudin de se régaler devant les mains des uns et des autres levées, dans la même famille politique, à des moments distincts.

La balle est à présent dans le camp de la Communauté urbaine de Marseille (CUM) et surtout dans celui des socialistes contraints de laver au plus vite leur linge sale en famille.

Jean-Claude Gaudin entend bien, lui, passer à la vitesse supérieure aux portes de l’été et boucler le dossier avant le début de l’hiver et surtout le printemps 2012. Sait-on jamais, que le vent tourne et que la loi soit toilettée.