Disparition de Lucette Safia Hadj-Ali, un vie pour la liberté et la justice
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Lucette Safia Hadj-Ali s'est éteinte, hier matin à l'âge de 93 ans, à l'hôpital de la Seyne-sur-mer près de Toulon (France), a-t-on appris auprès de ses proches. L'inhumation aura lieu vendredi prochain à 14 h 30 au cimetière de la Seyne-sur-mer.
Hospitalisée depuis environ un mois, Lucette Hadj-Ali se trouvait dans un état de grande faiblesse, très affectée qu'elle était par l'âge et par la disparition de ses plus chers amis, dont Henri Alleg, son ancien collègue de l'AFP des années 40, ou encore la militante Fatma Téguia qu'elle chérissait profondément.
Épouse du poète militant Bachir Hadj-Ali disparu en 1991, cette Algérienne de quatrième génération avait mené une lutte sans relâche contre le colonialisme français en Algérie, et participé activement à la guerre de libération allgérienne, consacrant sa vie entière aux combats patriotiques de son pays.
Dessin et manuscrit extrait des Lettres à Lucette de Bachir Hadj Ali...
Née à Oran en 1920, Lucette Hadj-Ali était la fille du docteur Jean-Marie Larribère, pionnier de l'accouchement sans douleur, qui lui a inculqué «le sens de la justice sociale et de l'intégrité morale» aimait-elle à souligner. Étudiante à l'université d"Alger, où elle s'installe en 1942, elle découvre, horrifiée, la condition infra-humaine des Algériens colonisés, et s'engage dans la lutte pour leur émancipation du joug colonial.
Très impliquée dans l'action pour la scolarisation des enfants d' «indigènes» et leur prise en charge sanitaire, Lucette Hadj Ali a aussi été journaliste au sein de différents organes dont Liberté, Femme d'Algérie et Alger républicain.
Elle milite dans la première organisation féminine du pays dont elle intègre la direction, l’Union des femmes d’Algérie (UFA), créée en 1944, par le Parti communiste algérien.
Après le déclenchement de la Révolution algérienne, elle fera partie des premiers noyaux des Combattants de la Libération (CDL) créé en 1955 alors qu'elle était agent de liaison entre le FLN et le PCA dans les années 1950.
«Elle connaîtra les dures années de la clandestinité durant la guerre de Libération et plus tard le calvaire de son mari arrêté et atrocement torturé parce que membre de la direction du Parti d'Avant-Garde Socialiste» a souligné dans son hommage M. Teguia le secrétaire général du Mouvement démocratique et social.
Après 1962, elle sera encore et toujours de toutes les luttes pour le progrès de son pays, la démocratie et la justice sociale. Durant la décennie noire de 1990, menacée de mort par les terroristes islamistes, elle sera contrainte de s'éloigner d'Alger, mais gardant un lien avec le pays, elle rejoindra ses deux fils Pierre et Jean Manaranche à la Seyne-sur-Mer, où elle retrouvera ses nombreux amis.
A la demande insistante de ses amis, elle publie en 2011, un modeste récit autobiographique «Itinéraire d'une militante algérienne».