Italie: Matteo Renzi, le «démolisseur» plus que jamais à l’oeuvre
Par N.TPublié le
Matteo Renzi, premier ministre italien, accélère un programme de casse des droits sociaux et de privatisations massives. Bilan après presque deux années de pouvoir .
C’est le «nouvel homme fort de la gauche italienne !» s’exclamait-on en décembre 2013 dans un hebdomadaire parisien (1) quand Matteo Renzi, alors maire de Florence, prenait la tête du Parti démocrate. Deux mois plus tard, en février 2014, devenant le plus jeune premier ministre de l’histoire de la République italienne, suite à la démission de son prédécesseur Enrico Letta, Renzi était à nouveau encensé par la presse européenne, une partie de l’opinion italienne y voyant quant à elle un «rassembleur» ambitionnant de secouer le cocotier, de bousculer la vieille classe dirigeante et de dépoussiérer les institutions… Celui que l’on a aussitôt surnommé «Il Rottamatore», «le démolisseur», entrait alors en scène avec fracas, suscitant notamment l’admiration de François Hollande et de Manuel Valls. Quel est donc son bilan après presque deux années de mandat ?
La politique réformatrice tant attendue a ouvert finalement un cycle de privatisations, à commencer par celle du service public de la poste, annoncé le lundi 10 octobre, la plus importante des quinze dernières années. Le gouvernement en attend 3,7 milliards d’euros pour alléger la dette, une des plus élevées d’Europe, à hauteur de 2 200 milliards d’euros, soit plus de 130 % du PIB. C’est «un nouveau signal aux marchés de l’important changement en cours», selon le ministère italien de l’Économie. Devraient suivre, en 2016, la privatisation d’ENAV, opérateur public du contrôle aérien, et celle de Ferrovie dello Stato (FS), transport ferroviaire. Les secteurs de l’eau et de l’énergie figurent aussi au programme de cette vente massive des bijoux de famille.
Mais Renzi le «démolisseur» ne s’en est pas tenu là. Réputé de gauche, il s’est auparavant illustré dans la casse d’acquis dans le droit du travail italien qui dataient des années 1960. Adoptée le 4 mars dernier, la réforme dénommée «Jobs act» instaure une flexibilité du rapport salarial à l’avantage exclusif du patronat. La période d’essai est considérablement rallongée, les procédures de licenciement sont plus que facilitées, à travers notamment un CDI nouvelle formule à «protection croissante». La réintégration d’office en cas de licenciement abusif, protection légendaire dans la législation italienne, n’a plus cours. Le gel des pensions de retraite, l’allongement de la durée de cotisation de 40 à 42 ans et la hausse de l’âge légal de départ de 65 à 66 ans parachèvent enfin le bilan social de Matteo Renzi. Ce à quoi il faut ajouter un taux de chômage de 13 % en 2015, dont 42,2 % chez les jeunes, et une croissance toujours atone, à + 0,9 %. Une casse sociale en parfaite cohérence avec les injonctions de la Commission européenne et des créanciers.
Au bout du compte, avec le «démolisseur», réputé homme nouveau de la gauche réformatrice, l’Italie est désormais dans les clous de l’Europe libérale.
(1) Pages internationales du «JDD» du 9 décembre 2013.