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Froid glacial et premières neiges : l’Atlas marocain sous la tourmente hivernale

Alors que le Maghreb grelotte sous un froid hivernal précoce, le Maroc affronte ce week-end une dégradation brutale du temps : pluies, vent et neige s’abattent sur les hauteurs de l’Atlas et du Rif, dépassant parfois 1 600 mètres d’altitude. Un épisode qui ravive le souvenir des hivers les plus rudes et met à nu les failles d’un pays où des milliers de familles rurales vivent encore dans une grande précarité.

Les prévisions de Medi1 News annoncent un refroidissement généralisé sur une grande partie du territoire. Des pluies soutenues, des rafales de vent atteignant parfois 70 km/h et des chutes de neige intenses transforment les routes de montagne en pièges glacés. Dans les provinces de Midelt, Ifrane, Khénifra ou Azilal, les habitants s’organisent tant bien que mal pour résister. « Ici, on n’a ni routes dégagées, ni chauffage, ni secours rapides. Chaque hiver, c’est la même détresse », confie un enseignant de la région d’El Hajeb, cité par la presse marocaine.

Au-delà du spectacle blanc, ce froid extrême ravive les inégalités criantes entre les zones urbaines et rurales. Dans les villages enclavés du Haut Atlas, des centaines de familles manquent de couvertures, de nourriture et de médicaments. « Le froid tue ici. Ce n’est pas une image. Les personnes âgées et les enfants tombent malades, et il n’y a personne pour venir aider », déplore une militante associative de Taza. Les routes coupées isolent encore davantage ces populations, contraintes de brûler du bois humide pour se chauffer, au risque d’intoxications.

Les autorités marocaines, elles, brillent par leur lenteur à réagir. Les services de la Protection civile assurent que des « unités d’intervention » sont mobilisées, mais sur le terrain, les habitants témoignent d’un sentiment d’abandon. « Les secours arrivent toujours après la tempête », résume un éleveur d’Aït Bouguemez. En cette fin d’année, le pays a surtout les yeux tournés vers un autre événement : la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), qui mobilise l’attention du gouvernement et des médias.

Le silence du Palais royal

Dans ce contexte, la détresse des zones de montagne semble reléguée au second plan. Le Palais royal, habituellement prompt à médiatiser ses gestes humanitaires, se montre discret. Aucun communiqué du Makhzen n’a été publié sur l’ampleur de ces intempéries. Ce silence alimente un ressentiment ancien. « On a l’impression que les oubliés de l’hiver n’intéressent personne tant qu’ils ne font pas de bruit », lâche un habitant de Tinghir.

Pourtant, la situation pourrait rapidement empirer. Les météorologues prévoient une poursuite du froid glacial dans les prochains jours, avec des températures descendant jusqu’à -5°C dans certaines zones de montagne. Le ministère de l’Agriculture s’inquiète déjà pour les cultures céréalières et le bétail, fragilisés par le gel. Si la neige réjouit les stations de ski de l’Oukaïmeden ou de Michlifen, elle plonge des milliers d’autres Marocains dans une lutte quotidienne pour la survie.

Dans les villages perchés, les gestes simples deviennent des défis : aller chercher du pain, du bois ou un médicament nécessite des heures de marche dans la neige. Sans routes déneigées ni infrastructures adaptées, les habitants affrontent l’hiver seuls, dans le silence des montagnes. Le contraste est saisissant avec les lumières des villes et le déroulement festif de la CAN. Et derrière chaque flocon, une question persiste : combien d’hivers encore faudra-t-il pour que les oubliés du froid cessent de grelotter dans l’indifférence ?

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