France : chômage à la hausse et croissance en berne, le gouvernement navigue à vue
Par N.TPublié le
Après une embellie début 2023, avec un taux de chômage tombé à 7,1 % — son plus bas niveau en quinze ans —, la France voit cet indicateur repartir à la hausse, atteignant 7,5 % à l’été 2023 selon l’Insee. Cette inversion de tendance, marquée par les difficultés des jeunes et des secteurs comme l’industrie ou le BTP, s’inscrit dans un contexte économique national et international morose.
La croissance, déjà atone (0,1 % au deuxième trimestre 2023), peine à résister aux chocs extérieurs : inflation persistante, hausse des taux d’intérêt et ralentissement de la demande européenne. La presse française, à l’image du *Monde* ou des *Échos*, souligne l’impact du ralentissement économique mondial. La guerre en Ukraine, les tensions géopolitiques et la crise énergétique continuent de peser sur les coûts de l’énergie et de l’alimentation, érodant le pouvoir d’achat des ménages et incitant les entreprises à réduire leurs investissements.
L’appauvrissement des classes moyennes et populaires
À ces défis s’ajoutent des problèmes structurels, régulièrement pointés par les éditorialistes. Le Figaro et Libération évoquent les rigidités du marché du travail, le poids des prélèvements sociaux ou la lenteur des réformes pour accélérer la transition écologique, autant d’obstacles à une relance durable. L’opposition, toutes tendances confondues, fustige l’exécutif. La gauche (LFI, PS) et le Rassemblement national dénoncent un manque de protection sociale pour les ménages, tandis que Les Républicains critiquent la gestion des dépenses publiques.
Face à ces attaques, le gouvernement Borne-Macron met en avant ses mesures phares : prime à l’emploi, réforme de l’assurance-chômage, soutien aux « industries vertes ». Il plaide pour la patience, arguant que les effets des réformes engagées, notamment sur les retraites ou la relance industrielle, nécessitent du temps.
Le spectre d’une stagnation durable
Les craintes d’un cercle vicieux se précisent. Libération et Mediapart alertent sur l’appauvrissement des classes moyennes et populaires, susceptible d’alimenter le mécontentement social, comme en témoignent les tensions récurrentes autour des retraites. Par ailleurs, la presse régionale, à l’instar d’Ouest-France, relève les difficultés croissantes des PME et des indépendants, étranglés par le coût du crédit et la baisse de la consommation.
Si Les Échos notent que la France résiste mieux que l’Allemagne — entrée en récession technique — grâce à une moindre dépendance au gaz russe et à une consommation des ménages plus dynamique, elle reste distancée par des pays comme l’Espagne, où la croissance est plus vigoureuse.
Certains économistes, cités par La Tribune, gardent espoir : une baisse rapide de l’inflation et le succès du plan industriel européen pourraient éviter le pire. D’autres, comme dans Le Monde, redoutent une stagflation durable, combinant chômage élevé et croissance faible, malgré les plans de relance.