Les 100 jours de Donald Trump : la greffe du national-populisme sur un capitalisme débridé
Par N.TPublié le
Cent jours après son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a déjà plongé les États-Unis dans une crise institutionnelle sans précédent, tout en semant le désordre et l’inquiétude à l’échelle mondiale. Son exercice arbitraire du pouvoir, son mépris des contre-pouvoirs et ses décisions économiques brutales dessinent un tableau sombre, tant pour l’Amérique que pour le reste de la planète.
Dès son investiture, Donald Trump a multiplié les décrets présidentiels, contournant systématiquement le Congrès pour imposer ses volontés. Plus de 120 textes ont été signés en trois mois, souvent en violation flagrante des lois en vigueur. Cette frénésie législative unilatérale illustre une volonté claire : concentrer toujours plus de pouvoir entre les mains de l’exécutif, au détriment des institutions démocratiques.
Les juges, garants de l’État de droit, sont devenus les premières cibles du président. Lorsque les tribunaux osent bloquer ses décisions – comme l’expulsion massive de migrants ou la fermeture d’agences fédérales –, Trump réagit par des attaques personnelles, allant jusqu’à menacer des magistrats et leurs familles. « Il pense qu’il peut faire ce qu’il veut, en dépit de la loi », dénonce Chuck Schumer, chef de l’opposition démocrate au Sénat, cité par France Info.
Pire encore, l’administration s’en prend directement aux avocats, cherchant à briser leur indépendance. Plusieurs cabinets, sous pression, ont accepté de collaborer bénévolement avec la Maison Blanche, trahissant ainsi leur rôle traditionnel de rempart contre l’arbitraire. « C’est une guerre interne à la profession juridique », constate Sanford Levinson, professeur de droit à l’Université du Texas, rapporte la même source.
Protectionnisme et paupérisation : une bombe à retardement économique
Sur le plan économique, Trump a lancé une offensive protectionniste dévastatrice. Taxes douanières massives, ruptures d’accords commerciaux, pressions sur les entreprises pour qu’elles relocalisent : ces mesures, présentées comme des victoires pour « l’Amérique d’abord », risquent en réalité de provoquer une flambée inflationniste et d’aggraver la précarité des classes populaires.
Ce sont précisément ces électeurs – ouvriers, petits employés, ruraux – qui, ayant cru aux promesses de Trump, seront les premiers frappés par la hausse des prix et la destruction d’emplois liée aux tensions commerciales. Loin de « rendre sa grandeur à l’Amérique », le président accélère la paupérisation d’une partie croissante de la population.
Diplomatie du chaos : échecs et alliances toxiques
Sur la scène internationale, le bilan est tout aussi catastrophique. Les promesses de paix – notamment en Ukraine – se sont évaporées, remplacées par des menaces absurdes d’annexion du Canada ou du Groenland. Pendant ce temps, Trump cultive ses relations avec les régimes autoritaires, des monarchies du Golfe à l’Israël de Netanyahu, qu’il laisse poursuivre impunément le génocide à Gaza.
Son isolationnisme agressif et son mépris des alliances traditionnelles ont isolé Washington, tandis que la Chine et la Russie profitent de ce désordre pour étendre leur influence. Jamais depuis la Seconde Guerre mondiale l’image des États-Unis n’a été aussi dégradée.
Vers une crise constitutionnelle majeure ?
La véritable inquiétude réside dans l’effritement des garde-fous démocratiques. Trump teste en permanence les limites du système, défiant ouvertement la justice et muselant toute opposition. La Cour suprême, dominée par les conservateurs, pourrait lui donner raison sur plusieurs sujets clés, renversant des principes constitutionnels ancestraux.
Mais le plus grave serait un refus pur et simple de l’exécutif de se plier aux décisions judiciaires. « Si Trump estime qu’il n’a plus de comptes à rendre, une ligne rouge sera franchie », avertit Richard Pildes, professeur de droit constitutionnel, cité également par France Info. Or, le Congrès, contrôlé par les républicains, reste spectateur, refusant d’assumer son rôle de contrepouvoir.
Cent jours après son retour, Donald Trump incarne une menace inédite pour la démocratie américaine. En fusionnant un capitalisme débridé avec un autoritarisme populiste, il pave la voie à un fascisme du XXIe siècle – un régime où le droit, les institutions et les contre-pouvoirs sont réduits à l’état de simulacre.
La société civile résiste encore, mais pour combien de temps ? Si les républicains ne rompent pas leur « loyauté fanatique » envers Trump, si les juges cèdent à l’intimidation, alors les États-Unis pourraient basculer dans une crise bien plus profonde : non plus seulement constitutionnelle, mais existentielle.
Le monde retient son souffle. Car dans cette descente aux enfers institutionnelle, c’est l’équilibre global qui est en jeu.