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La journée sans tabac n’est pas pour demain

La lutte anti-tabac a sa date anniversaire : le 31 mai, décrétée «journée mondiale sans tabac» par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Après la campagne de 2010 qui pointait les risques du tabagisme, notamment chez les femmes, l’Inpes et le Ministère de la santé ont ciblé le sevrage comme objectif pour la nouvelle campagne 2011.

Alors qu’une étude récente a montré que la consommation repart à la hausse, la 24ème édition  de cette journée mondiale sans tabac a pour thème «la convention-cadre pour la lutte anti-tabac». Le gouvernement français se félicite des mesures prises depuis trente ans concernant le renforcement de la législation.

Mesure phare : l’interdiction de fumer dans les lieux publics et dits de convivialité dont la surveillance va être renforcée avant mi-juillet. Depuis le 1er janvier 2008, pour allumer une cigarette les fumeurs se voient contraints de sortir des bars, restaurants et discothèques ou de fumer dans les espaces aménagés qui répondent à des normes strictes.

Romain a ouvert son bar il y a quatre mois cours Franklin Roosevelt, à Marseille. Ici peu de problème. Le panneau «défense de fumer» est clairement affiché et les clients avertis. «Il y en a qui ont cru cela possible mais je leur ai demandé de sortir et il n’y a pas eu de souci ». Certains bars de quartier ont su profiter des espaces aménagés comme des terrasses et velum sans trop modifier les habitudes de la clientèle.

Pour d’autres gérants, la mise en application de la loi est un «calvaire». Sophie tient un café et un tabac sur l’avenue Baille. «Souvent des personnes entrent la cigarette allumée soit qu’ils n’y pensent pas soit qu’ils n’aient pas envie de l’éteindre». Il faut donc répéter les consignes contre le tabagisme dans les lieux publics «même en hiver quand il ne fait pas beau».

Depuis la mise en application de la loi, Véronique, Pierre ou Rita, tous trois gérants de bar ont constaté une baisse de la fréquentation de 30 à 50% ainsi qu’une baisse de la consommation. «Alcool et tabac marchent ensemble, c’est festif. Le temps que les clients passent dehors à griller une cigarette est pour nous de la consommation en moins» explique Pierre, gérant d’un bar de nuit à la Plaine.

Il dénonce ce qu’il appelle «la concurrence déloyale» : «certains établissements  ont eu peur de perdre leur clientèle aussi ils adoptent une attitude passive et laissent fumer». A Marseille, les habitudes sont bien ancrées : difficile d’interdire la cigarette les soirs de match, à l’apéro ou quand on joue aux cartes même si peu de gérants s’avouent laxiste.

«On ne tolère pas mais on n’est pas agressif » explique Rita, qui conseille aux habitués d’aller fumer dehors. Elle constate qu’ «ils ont bien souvent un pied à l’extérieur et un pied à l’intérieur. » René, gérant de bar dans le quartier du Camas dit «revivre» depuis l’application de la loi. Il glisse pourtant au milieu de la conversation : «ça m’arrive avant de fermer vers 20h de laisser quelques clients fumer à l’intérieur».

Isabelle Appy