France: coupables d’observer le jeûne du Ramadan, des animateurs se font virés
Par N.TPublié le
Une sombre affaire de suspension de quatre animateurs de colonie de vacances au motif qu’ils observent le jeûne du Ramadan suscite la polémique.
Les animateurs encadraient un séjour dans un centre de vacances pour enfants à Port-d'Albret (Landes), qui avait débuté le 5 juillet et s'est achevé vendredi 27 juillet.
La ville de Gennevilliers (PCF, Hauts-de-Seine) organisatrice de la colonie avait décidé de se passer de leurs services en invoquant l’article 6 de leur contrat de travail.
« Ils m'ont parlé de l'article 6 qui disait que je devais me restaurer et m'hydrater convenablement et que dans le cas contraire, cela pouvait mettre en danger la sécurité des enfants », a indiqué Nassim, l'un des quatre moniteurs au Bondyblog, qui révèle l'affaire.
Ses explications, selon lesquelles il "s'était hydraté et restauré convenablement et qu'en aucun cas [il] risquait de mettre en péril la sécurité des enfants" n'y ont rien fait.
Dans la soirée, les quatre moniteurs étaient convoqués et "suspendus" afin qu'ils soient payés jusqu'à la fin de leur contrat.
"Je m'en fiche d'être payé jusqu'à la fin ; moi, je voulais rester jusqu'à la fin de la colonie, tout se déroulait à la perfection", insiste Nassim.
L'article 6 du contrat mis en avant par la mairie pour justifier sa décision souligne que les animateurs doivent "veiller à ce que les enfants et eux-mêmes se restaurent et s'hydratent convenablement et en particulier durant les repas".
Le même article évoque "le principe de laïcité" qui doit être respecté.
Une mesure discriminatoire, selon l’avocat des animateurs…
Cet article a été ajouté il y a deux ans par la mairie au contrat de travail des animateurs de centre de vacances à la suite d'un accident. Une monitrice qui observait le jeûne avait été victime d'un malaise alors qu'elle conduisait un véhicule.
Deux enfants avaient été blessés. "A la suite de cela, nous nous étions interrogés sur notre responsabilité vis-à-vis des parents qui nous confient leurs enfants pour des séjours de longue durée, a expliqué au Monde, Jacques Bourgoin, maire de Gennevilliers.
Depuis cet épisode, la clause introduite dans les contrats est signalée aux animateurs, qui ont l'obligation de signer avant leur embauche.
Pour les quatre animateurs et leur avocat, Me Mohand Yanat, cette clause vise implicitement la pratique du ramadan. "On a déguisé les choses. Ce n'est pas l'état de santé qui dérange mais le fait de pratiquer le ramadan", a déclaré Me Yanat au Monde.
Selon lui, la clause n'est pas légale car elle touche à la liberté de culte. "Il faut distinguer ce qui relève de l'ordre des idées, de l'intime et d'une pratique telle que le ramadan." "A l'embauche, on ne peut pas prendre en compte la religion d'une personne", défend l'avocat, qui devrait se tourner vers les prud'hommes.