L’Espagne est leader mondial des dons d’organes depuis une trentaine d’années
Par La rédactionPublié le
Le pays se distingue par une organisation exemplaire et des efforts constants pour sensibiliser sa population. En 2023, l’Espagne a atteint un chiffre record avec 5 861 greffes réalisées, soit plus de 16 transplantations par jour. Ce résultat repose sur un système de don bien structuré qui a su engager les Espagnols autour de cette cause fondamentale.
Avec un taux de 49,4 donneurs décédés par million d'habitants, l'Espagne surpasse largement ses voisins européens, comme la France avec 27,6. L'un des facteurs clés de cette réussite est la création de l'Organisation nationale des transplantations (ONT) à la fin des années 1980. Celle-ci, en lien avec le ministère de la Santé, centralise et coordonne l'ensemble du processus de transplantation, de l'identification des donneurs à l'attribution des organes.
Critères médicaux sévères et réduction des délais d’attente.
Grâce à un système de répartition informatisé, l'ONT garantit que les organes sont destinés aux patients les plus compatibles et ceux en situation d'urgence, selon des critères médicaux sévères, ce qui réduit significativement les délais d'attente pour les receveurs potentiels.
Ce succès est aussi dû à une mobilisation nationale forte en faveur du don d'organes. Par le biais de campagnes d'information régulières et du soutien de la culture populaire, le don est perçu en Espagne comme un acte de solidarité héroïque. L'élargissement des critères de don à partir de 2009, pour inclure les dons en asystolie, a également été une avancée stratégique majeure, augmentant le nombre de dons possibles, qui en 2023 représentaient jusqu'à la moitié des transplantations.
Chaque individu est donneur potentiel, sauf opposition
La législation espagnole simplifie par ailleurs le processus de don grâce au consentement présumé : chaque individu est considéré comme donneur potentiel sauf opposition exprimée avant le décès. Néanmoins, l'accord familial est habituellement recherché, ce qui rend crucial le rôle des familles dans ce processus.
L'Espagne a réussi à instaurer des structures pour soutenir les familles dans cette décision. Les coordinateurs hospitaliers, souvent issus des soins intensifs, assurent un accompagnement éthique et professionnel des familles, identifiant rapidement les donneurs potentiels.
Avec près de 20 000 coordinateurs formés dans tout le pays, l'Espagne affiche l’un des plus hauts taux d'acceptation mondiale pour le don d’organes : seulement 15 % des familles espagnoles s'opposent au don d'un proche.
Ce modèle admirable inspire de nombreux pays et est recommandé par l'Organisation mondiale de la santé pour augmenter les dons à l'échelle mondiale. L'ONT rappelle, avec sa devise, que chaque donneur peut sauver jusqu'à 14 vies, soulignant l'impact vital du don d'organes.