Algérie : le vieil Oran, un patrimoine qui s’effrite inexorablement
Par N.TPublié le
Le vieil Oran s’effrite à vue d’œil et aujourd'hui la ville compte pas moins de 1900 bâtisses classées « vieilles ». Cette situation conduit les responsables à décider d’un programme urgent de réhabilitation qui touche notamment les parties basses de la ville, à l’instar du quartier Sidi El houari, lequel nécessite des efforts importants.
Un petit tour à la place du 1er Novembre (ex-place d’armes) renseigne sur l’importance des moyens à engager pour ressusciter ce patrimoine qui risque de plier sous la contrainte des gens et du temps. L’état dans lequel se trouve le palais du Bey constitue un exemple d’incroyable gâchis.
Malgré tous les efforts, ce palais qui date de l’époque ottomane subit l'érosion au fil des années qui pèsent sur ses fondations et sur ses murs. Plus bas, la rue des jardins et les maisons effondrées de la rue Wagram sont devenues un véritable coin de misère ou se côtoient tous les vices. Cette partie de la ville qui surplombe l’antique Sidi El Houari attend son heure. Aujourd’hui, elle n’est plus qu’un passage qui mène à la place Stalingrad de Sidi El Houari ou trônent les vestiges loqueteux de la porte de Canastel… plus qu’un regard à la dérobée qui s’enfuit vers La Calére et ses pans d’histoire.
Oran qui offrait jadis un almanach ouvert permettant au visiteur de remonter très loin vers ses origines, a perdu tout son éclat. Les opérations de replâtrage menées sur certains quartiers de la ville n’ont pas redonné aux édifices leur grandeur. On s’est contenté de truelles de ciment pour jointer et agresser les fissures apparues sur les merveilleuses appliques et motifs ornementaux qui garnissent les entrées de certains immeubles.
Un projet pour redonner vie au quartier de La Calére…
Il y a quelques années, avait germé l’idée de lancer des travaux de réhabilitation du vieux bâti. Mais cet effort fut contrarié par des impondérables. Des tentatives furent gênées par les contraintes de copropriété sur un bon nombre d’édifices. Les travaux ne ciblèrent alors que certaines parties communes et l’essentiel des consolidations fut relégué aux calendes grecques.
Notons un projet initié par l’association Santé Sidi El Houari et soutenu par des organismes espagnols. Il vise à redonner vie au quartier de La Calére, à certains forts et à certains bâtiments qui datent de la période hispanique.
Le programme prévoit la formation de spécialistes en travaux de restauration et de réhabilitation. « Nous pourrons, une fois cette dynamique lancée, disposer d’équipes formées par des spécialistes dans le domaine. Nous avons engagé des stages avec nos homologues espagnols et nous pourrons plus tard nous attaquer à des sites comme Santa Cruz ou la chapelle de la vierge », explique un membre de cette association.
Mais pour que ce projet soit vraiment efficace, il faut accorder le même intérêt aux vestiges datant de l’époque pré et post ottomane. La ville compte ainsi des dizaines de témoins qui méritent d’être préservés de l’agression du temps. C’est la mission essentielle des initiateurs des futurs programmes de réhabilitation du vieux bâti d’Oran
Un premier lot de bâtisses bénéficiera prochainement de travaux de réhabilitation qui seront, nous dit-on, menés en tenant compte de leurs spécificités architecturales. C’est à cette condition seulement que le patrimoine de la ville pourra revivre et faire de «vieux os».