Algérie : Le dernier livre de Mohamed Benchicou saisi dès l’imprimerie
Le dernier ouvrage de Mohamed Benchicou, "Journal d'un homme libre", a été saisi avant sa parution dans une imprimerie de Blida (centre). La police a fait une descente sur les lieux pour s’emparer du manuscrit, a déclaré, lors d’une conférence de presse, le fondateur et directeur du journal Le Matin, empêché de publication depuis 2004.
«C’est un acte de censure inqualifiable et intolérable, il nous rappelle qu’on est proche d’un Etat bananier qu’un Etat de droit», a dénoncé Mohamed Benchicou.
«Le livre a souscrit à toutes les procédures réglementaires, du dépôt légal à la Bibliothèque nationale jusqu’au bon de commande en passant par le numéro ISBN. Il n’y avait donc aucune raison pour que le livre fasse ainsi l’objet d’une descente policière», a expliqué Benchicou, appuyant son affirmation par la mise à disposition de la presse d’une copie du dépôt légal effectué le 7 septembre 2008.
Selon lui, les dirigeants entendent ainsi adresser un message aux intellectuels algériens, faire taire toute volonté de critique, ordonner le silence. «Je ne crois pas que ce soit le contenu du livre qui a motivé une descente aussi violente. C’est un message qu’ils veulent délivrer aux intellectuels de ce pays. Ils veulent faire de moi l’exemple à ne pas suivre. C’est là une logique du pouvoir répressif.», a-t-il déclaré.
Il ne compte pas baisser les bras pour autant. «Je n’accepte pas, je ne me tairai pas sur cet acte de censure médiéval. Parce que, sinon ce serait avaliser l’idée que dans ce pays on ne peut pas publier librement. Je ne me contenterai pas de voir mon livre sortir uniquement en France», promet-il.
"Dans cet ouvrage, je raconte ce que j'ai vécu depuis ma sortie de prison le 14 juin 2006 jusqu'au 14 juin 2008. C'est une suite du livre Les geôles d'Alger. Le contenu n'est pas très favorable au pouvoir", a précisé Benchicou.
M. Benchicou a publié en 2007 aux éditions Riveneuve (France) un ouvrage sur sa vie carcérale à la prison d'El Harrach (banlieue d'Alger) intitulé "Les geôles d'Alger", qui avait alors été retiré du Salon du livre d'Alger.