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Les raisons de l'échec de l'opérateur téléphonique algérien Lacom

Lorsque Lacom avait déployé son propre réseau de téléphonie fixe et d'internet en 2006, l'entreprise privée espérait concurrencer l'opérateur historique national Algérie Télécom, et les abonnés escomptaient un service et des tarifs avantageux. Mais les choses ne sont pas déroulées comme prévu.

La décision de dépôt de bilan a été prise lors de l'assemblée générale des actionnaires le 9 novembre, au Caire.

"Nous avons enregistré une perte de 42 millions de dollars durant l’année 2006 et ne pouvons continuer à investir davantage en Algérie", a déclaré Beshir Akil, le PDG de l'actionnaire majoritaire, Egypt Telecom.

M. Akil a imputé une partie de cet échec aux autorités de régulation algériennes, pour ne pas avoir "donné suite à la demande [de Lacom] concernant le dégroupage avec l’opérateur historique Algérie Télécom".

Lacom est le nom commercial du Consortium Algérien des Télécommunications, composé des sociétés égyptiennes Telecom Egypt et Orascom Telecom dans le cadre d'un appel d'offres de 65 millions de dollars pour l'octroi de la première licence de téléphonie fixe privée en Algérie.

La société avait débuté ses opérations début 2006, déployant son réseau de téléphonie fixe et d'internet dans toute l'Algérie. Elle assurait des services locaux, nationaux et internationaux en utilisant un réseau sans fil de troisième génération basé sur la technologie NGN (Next Generation Network).

Escomptant un grand essor du marché des télécommunications en Algérie grâce à la déréglementation, la société était allait plus loin, proposant une ligne téléphonique et une connexion à l'internet pour un prix très abordable de mille dinars, avec la gratuité du matériel et de l'installation. Le matériel comprenait un modem, un combiné et une antenne extérieure. Les services étaient appuyés par une vigoureuse campagne publicitaire et un service clientèle jugé excellent.

Baya Merrad fut l'une des premières abonnées à Lacom. Merrad, qui habite dans le quartier des Bananiers, à l'est d'Alger, a expliqué que les employés de la société appelaient souvent pour s'assurer de la bonne performance de sa connexion.

"Ils venaient demander s’il n’y avait pas de problèmes de fonctionnement et, accessoirement, si nos voisins souhaiteraient connaître Lacom et ses services", se rappelle-t-elle.

Elle se souvient même qu’on lui avait changé rapidement et gratuitement son modem, grillé par un court circuit électrique dû à une surtension.

Mais Lacom ne réussit jamais à attirer plus de 20 000 abonnés, et ceux-ci commencèrent à se plaindre de la mauvaise qualité et du faible niveau de service.

Pis encore, la société ne parvint pas à répondre à ses engagements concernant la couverture nationale prévue dans son programme opérationnel, ce qui exigea l'intervention de l'Autorité de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT).

La direction de Lacom imputa la dégradation de la situation au manquement de la part de l'ARPT et d'autres institutions à rester neutres après que le marché fut ouvert à la concurrence. Ce favoritisme, estime-t-elle, a conféré à Algérie Télécom, la société publique, un avantage concurrentiel.

Le PDG d'Orascom Naguib Sawiris a déclaré que le non-respect par les autorités algériennes des règles de la libre concurrence "nous a tués".

"Dès que nous avons commencé notre activité", a-t-il expliqué aux journalistes, "Algérie Télécom a réduit ses prix au-dessous du coût de revient. Nous nous sommes plaints. En vain."

Système sans fil chinois trop lent

En juin 2006, l'ARPT a mis fin à une offre promotionnelle gratuite d’Algérie Télécom, jugée inéquitable, sur la demande de Lacom.

"Nous avons estimé que cette offre était illégale et déloyale, d’autant plus que Lacom venait tout juste de s’installer en Algérie, et qu’un long chemin restait à faire avant qu’elle ne représente un concurrent potentiel à Algérie Télécom", explique Mohamed Belfodil, président du conseil d'administration de l'ARPT.

Mais malgré ces premières difficultés administratives, c'est peut-être la technologie qui a tué Lacom. Les actionnaires égyptiens ont jugé qu'ils avaient pris une mauvaise décision en optant pour le système sans fil chinois WLL, qui s'est avéré trop lent pour assurer un service internet fiable.

A court de liquidités, la société comprima son personnel et ferma un certain nombre de boutiques, ne gardant qu'un seul point de vente dans la capitale.
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Ses contraintes financières s'avérèrent insurmontables, et Lacom fut bientôt dans l'impossibilité d'honorer ses coûts d'interconnexion avec les opérateurs mobiles et Algérie Télécom.

L'ARPT a défendu son action, parlant d'un manque de législation en la matière. Selon son directeur, l'agence a refusé d'accéder à la demande de Lacom d'utiliser la technologie WiMax, car le groupe devait encore honorer ses engagements concernant la couverture de son réseau.

De plus, explique-t-il, les actionnaires de Lacom escomptaient de nombreuses concessions de la part des autorités, sans prendre un quelconque risque financier.

S'exprimant lors d'une récente visite au cyberparc Sidi Abdellah, dans la banlieue d'Alger, le ministre des Postes et des Technologie de l'Information et de la Communication Hamid Bessalah a déclaré que le gouvernement allait prochainement inviter de nouvelles sociétés à déposer une demande d'octroi de licence de téléphonie fixe.

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