Algérie : des chiffres gonflés à plus de 63% de participation et des explosions de colère en Kabylie

Le taux de participation à l'élection présidentielle a atteint 63,45% et celui de la communauté algérienne établie à l'étranger 35,57%, a annoncé le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni. Le RCD (opposition) conteste ces chiffres et fait état de nombreuses irrégularités et pressions exercées par l'Administration. Plusieurs bureaux de vote ont été saccagés par des jeunes dans le département de Bouira (100km à l'est d'Alger). L'Algérie a voté dans la peur et la confusion.

"Dans la commune d'Aghvalou, les bureaux de vote de Takerboust et Ivehlal ont été saccagés par des jeunes manifestants, quelques instants après leur ouverture", a indiqué une source précisant qu'une ambulance avait été également incendiée, rapporte l’agence AP.

Scénario identique dans la commune de M'Cheddallah, où quatre centres sur six ont été fermés et les urnes brûlées, alors qu'une tentative d'obstruction des opérations de vote a été également enregistrée dans la commune d'El Asnam par des manifestants qui ont fait brûler des pneus. Il aura fallu l'intervention de la police antiémeutes pour rétablir l'ordre et permettre au vote de reprendre "timidement", selon cette source, rapporte l'agence AP.

Le préfet de Bouira a minimisé les événement, parlant seulement de "perturbations constatées dans certains bureaux de vote", sans donner plus de détails.

Par ailleurs, selon le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie ( RCD, opposition) «les irrégularités sont massives, multiples et se retrouvent du nord au sud et de l’est à l’ouest, illustrant une stratégie centralisée de la fraude».

La formation présidée par le docteur Said Sadi cite un certain nombre de faits relevés par les militants auprès de témoins : «bourrage des urnes ayant entrainé des contestations voir des troubles, notamment en Kabylie, Djelfa, Bechar et Biskra ; utilisation de bus remplis de militaires et policiers en civil pour organiser des flux artificiels d’électeurs  devant les caméras de télévision a entrainé des incidents à Béni Amrane, Thénia et Bab-Ezzouar .

A Hydra, Kouba, El Madania (Alger), des policiers rentrent dans les bureaux de vote menacent de licenciement les préposés qui refusent d’exécuter des ordres de gonflements des taux de participation. Quand les citoyens n’obtempèrent pas, ils sont remplacés sur le champ, comme ce fut le cas à Kouba.

Aux Issers (Boumerdes), les militaires des casernes de la gendarmerie et de l’armée habillés en civil ont été propulsés vers les urnes au moment ou arrivaient les trois observateurs dépêchés par l’ONU pour rédiger un rapport sur le scrutin.

A Tindouf, la télévision montre en boucle un rush sur un bureau de vote par un jour de pluie, alors que le soleil brille sur toute la wilaya. Plus grave, le nombre de piles de bulletins disposées sur la table dépasse celui des candidats en course ; l’enregistrement montrant une ancienne élection ».

De son côté, le candidat Moussa Touati a également contesté les chiffres officiels de participation annoncés par le ministre de l'Intérieur, les jugeant « exagérés ». «Nous savons de nos sources que des instructions verbales ont été données aux responsables des bureaux de vote pour porter le taux de participation à 60%», a-t-il dit aux journalistes.

Attendus pour vendredi 10 avril, les résultats donneront sans surprise Abdelaziz Bouteflika élu avec un score qui sera sûrement situé entre 75 et 80%.