Point de vue : regard sur l’Algérie, vrais cheikhs ou vieux grigous?
Un quinquennat s’achève. Un autre commence. Entre temps rien n’empêche l’observateur de se pencher sur les démembrements nés du soutien ou de l’opposition de certains partis à la politique du Président réélu, Abdélaziz Bouteflika. Les secousses subies par le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD), en 2001, préfiguraient les lézardes visibles sur l’édifice Hamas (Islamiste).
Le cas de Djaballah (dirigeant islamiste) se faisant, lui, évincer de la direction du parti au profit de subalternes avertissait sur les dissensions qui, plus tard, devaient réduire des formations comme le Front des Forces Socialistes (FFS) et le Mouvement Démocratique et Social (MDS) à leur plus simple expression.
In fine, une présidentielle pour dire au monde que les Algériens ont choisi un homme et non un quelconque courant. Lequel ne compte pas, dans ses rangs dits laïcs ou conservateurs, plus de communistes que de Rastignac, de vrais cheikhs que de vieux grigous.
D’où l’amendement prochain de la loi sur les partis en vue de rappeler aux «pensionnaires politiques» que l’Etat n’est pas la maison Vauquer. En attendant, libre à Soltani (ministre d’Etat sans portefeuille et président du Hamas algérien) et Menasra (vice président démissionnaire du même parti) de poursuivre leur partie de «mise aux poings» sur ordre de Perséphone au printemps, et en dépit du repère Nahnah le reste du temps.
Les partisans du second accusent Soltani d’être un Alcibiade la science et l’envergure en moins, et ceux du premier Menasra d’un Absalon payant cher l’assassinat d’un demi-frère et la révolte sans succès contre son propre père.
Pourtant…point d’inquiétude quand, entre un leader et des seconds couteaux, des divergences apparaissent au grand jour. Ni de problème si un désaccord entre ceux-ci et celui-là n’évolue en guerre ouverte. Des points de discorde peuvent même servir de point d’appui pour réussir le saut dans une sorte de «mieux être social». Ou d’un renouveau politique.
Si seulement la question du contexte et des hommes n’empêchait pas l’élan né de Novembre 1954 de se reproduise en 2009. Comme quoi l’Algérie en guerre contre un colonialisme de peuplement n’est en rien cette Algérie faite de batailles rangées entre ses propres enfants.
Ceux qui, iconoclastes, mettent en avant les idées de progrès et de modernité en vue d’être du rendez-vous avec l’Histoire et ceux, passéistes, qui conditionnent le paradis par le retour aux sources et une fidélité sans faille à la tradition.
Une situation somme toute normale si, quarante sept ans après l’indépendance, l’entêtement du régime avait conduit à autre chose qu’à la nécessité pour les jeunes de prendre le maquis ou de périr en haute mer ; si, vingt ans après la promulgation de la Constitution du 23 février 1989, les partis d’opposition s’étaient occupés à échafauder des plans de démocratisation de la vie publique et de l’exercice du pouvoir plutôt qu’à montrer comment l’homme seul et le scorpion se suicident.
Tel fut, d’ailleurs, le sort du FIS dissous qui a vu en ses troupes une force de frappe à même de mettre à terre l’Etat et la société, et celui de Nahda et d’El Islah venus en politique avec acte de décès plutôt qu’un extrait de naissance.
Qui a dit que le conservatisme était majoritaire dans la société ? En tout cas avril est propice à la promenade parmi les fleurs. Et le ministre d’Etat ministre de l’Intérieur en profiterait peut-être pour en cueillir un peu. Des jonquilles à offrir aux uns et des chrysanthèmes à remettre aux autres. Notamment les partis dont les sigles résonnent des initiales de RA, de PRA, de PAHC ou de PNSD.
La mouvance démocratique semble, elle, vouloir accorder ses violons en vue d’aborder l’avenir avec un programme commun et une nouvelle vision. Davantage au profit de la démocratie que dans l’intérêt de ses formations. Sinon le parti unique vaut mieux qu’un pluralisme fait d’une opposition pesant à peine 6%.