France: censure d'une artiste chinoise
L'artiste chinoise Siu Lan Ko, étudiante à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris vient d'être priée de décrocher son oeuvre, composée de quatre bannières portant chacune un des quatre mots: "moins", "gagner", "travailler"," plus", bannières qu'elle avait installées sur les façades de l'école, dans le cadre d'une exposition intitulée : "Week-end de sept jours"
Motif: les façades d'un bâtiment public ne peuvent être utilisées pour exposer des oeuvres trop "provocantes" car cela pourrait non seulement causer des ennuis mais (selon Henry-Claude Cousseau le directeur des Beaux-Arts) surtout "nuire au financement public de l'école » rapporte l'artiste Siu Lan Ko.
Interrogée par AFPTV , elle s'explique:
"Je me suis demandé: "Qu'est-ce qui me frappe le plus dans la société française? Et tout de suite c'est le "travailler plus pour gagner plus" qui m'est venu à l'esprit!
Ils ont dit que c'était une période très délicate pour l'école parce qu'ils sont en train de renouveler leur budget auprès du ministère.
Donc ils pensaient que si l'oeuvre restait en place au-delà de cinq heures, c'était la catastrophe.
Pourtant, ils ne pouvaient pas ne pas être au courant; ce n'est pas possible. Sans l'aide de l'école, je ne pouvais pas fabriquer des bannières, ni les accrocher à l'extérieur.
Parfois mes parents, mes amis me disent : tu dois être prudente quand tu fais les choses en Chine; tu vas te retrouver en prison!
Et je leur dis toujours: ne vous inquiétez pas! S'ils veulent m'arrêter, ils trouveront toujours une raison. S'ils veulent me censurer, ils n'ont même pas besoin de raison, en Chine.
Jamais je n'aurais pensé que cette censure ne se produirait pas en Chine, mais en France où c'est censé être 'Liberté, égalité, fraternité !' "
Une entrevue de Siu Lan Ko avec Frédéric Mitterand, ministre de la Culture, a finalement abouti sur une levée de la censure et sur la reconnaissance de sa démarche artistique qui passe par l'exposition de ses bannières sur les murs de l'école des Beaux Arts.