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Rencontre avec Yasmina Khadra à Marseille : un écrivain franc-tireur qui a l’Algérie au cœur

Rencontre avec Yasmina Khadra à Marseille : un écrivain franc-tireur qui a l’Algérie au cœur  La méditerranée, "Espace de « choc » ou Rencontre des civilisations !" Tel était le thème d’une conférence-débat organisé samedi 6 décembre à l’Alcazar, Bibliothèque régionale de Marseille, en présence de l’écrivain algérien Yasmina Khadra.

Organisée en clôture du festival «L’Aïd dans la Cité, une fête à partager», la rencontre a fait salle comble. Yasmina Khadra est décidément devenu l’écrivain préféré des milieux associatifs marseillais en lien avec les pays du Maghreb et du Sud, en général.

Aussi, plus que de la Méditerranée, il fut surtout question de l’Algérie et accessoirement de la dimension et du contenu de l’œuvre déjà abondante de Khadra. Le journaliste «modérateur » a bien essayé d’ouvrir la discussion par une lecture d’un passage du dernier livre de l’auteur: "Ce que le jour doit à la nuit", mais la salle n’était visiblement pas sur cette longueur d’onde. Notons une seule intervention de cette nature ayant trait à la signification accordée au titre. « C’est une parabole, tout simplement », a répondu l’écrivain.

Bien qu’un peu trop vite mis de côté, le thème de la rencontre a tout de même fait l’objet de quelques échanges. « Je préfère être naïf et croire qu’il y a quelque chose de bien dans cette initiative » confie Khadra a propos de l’Union pour la Méditerranée (UPM).

Il s’agit là selon lui, « d’une chance inouï à l’heure où la mondialisation déferle comme un tsunami ». Mais encore faut-il «que les pays du Nord ne perçoivent pas le Sud comme un grenier, un stock de main-d’œuvre, notamment et de ressources. Si l’objectif est de faire en sorte que l’UPM ait la même consistance que l’Europe, si l’idée est de parvenir à sortir les pays du sud de leur pauvreté et d’établir des échanges équitables, alors je dis ok », ajoute-t-il.

Et dans la foulée, le lien est vite fait avec l’Algérie, tant les interventions de la salle se font pressantes. Les algériens étant évidemment venus très nombreux. « C’est un pays incontournable, c’est le portail sur l’Afrique. Mais il faut d’abord aider ce pays à s’ouvrir sur lui-même ». Le thème, brûlant, s’installe alors rebondissant d’une prise de parole à l’autre.

Et comme à chacun des débats de cette nature, sont abordées toutes les facettes du mal qui ronge la société algérienne : le statut de la femme, le sort des intellectuels, le terrorisme, les haragas (Un jeune sur deux veut prendre la mer selon un sondage d’El Watan), l’Education…

Yasmina Khadra répondra avec son franc-parler habituel, sans jamais se dérober. « La pire des choses qui puisse arriver à un peuple, c’est le renoncement. Le peuple algérien est à cette limite », résume-t-il pour illustrer le mal-être de ses compatriotes.

Selon lui, ces derniers « ne croient plus à rien, ni aux saints, ni aux hommes ». Quelle chance reste-t-il alors à ce pays pour sortir de ce tunnel ? « Le seul salut ne pourra venir que de la masse intellectuelle », estime Khadra, or celle-ci « se dilue dans sa détestation », regrette-t-il.

En fait « L’Algérie a besoin d’amour, le drame des algériens c’est le désamour », pense l’écrivain à l’évidence en souffrance devant cette image de son pays en pleine déconfiture.

Phrases choc enfin de celui qui pris part sur le terrain au combat contre les terroristes islamistes : « Je suis contre la politique de réconciliation nationale, car je n’ai que trop vu tomber des hommes, des compagnons de lutte, je connais leur veuves, leurs orphelins... ». « Que l’Algérie s’en sorte, c’est le souhait de tous ceux qui aiment profondément ce pays, les pieds-noirs, les harkis. Mais ce n’est malheureusement pas celui de certains algériens.»

Sans surprise, l’écrivain n’a pas échappé aux questions sur son statut d’ex-officier de l’armée algérienne et de directeur du Centre Culturel Algérien à Paris. Khadra assume. Il est fier de son passé et balaie d’un revers les raccourcis et jugements expéditifs sur l’armée. Fier aussi de ses fonctions actuelles, volontairement acceptées, comme un devoir pour « aider le pays, ouvrir des portes à ses intellectuels ».

Au final, d’un bout à l’autre de la rencontre, face à un public très élogieux, un écrivain franc-tireur qui a l’Algérie au cœur.

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