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Mobilisation: des centaines de milliers à Marseille sous le soleil de la fraternité

Mobilisation: des centaines de milliers à Marseille sous le soleil de la fraternité 29 janvier. Les rues de Marseille emplies d’une foule tout à la fois joyeuse et grave pour dire son inquiétude, son exaspération et sa certitude de pouvoir, dans l’unité, changer la vie.

Une rumeur qui monte, qui enfle. Dès 9h30, ses échos se font entendre du haut de la Canebière ou de la rue de République et se répondent. Lorsque la foule se masse sur le Vieux Port, il est à peine dix heures et la rumeur se fait clameur. Une clameur joyeuse, tant il est vrai que les premiers présents au point de rassemblement sont en train de prendre conscience d’une réalité.

De toute la région, les salariés, les retraités, les chômeurs, ceux du service public comme privé, les enseignants les chercheurs, les élus et les représentants de la région et bien d’autres encore n’ont voulu manquer pour rien au monde ce grand rendez-vous de la solidarité à l’appel d’ organisations syndicales unanimes.  Comme elles ne l’avaient pas été depuis plus de quarante ans. Sur la base d’une véritable plateforme revendicative répondant point par point aux questions posées par cette crise que les actionnaires des grandes sociétés ou entreprises entendent bien faire payer aux citoyens de ce pays.

Tout en tête du vaste cortège qui s’ébranle doucement sous le soleil, juché sur une voiture, un couple présidentiel de carton pâte adresse des saluts monarchiques à toutes celles et tous ceux qui, massés sur les trottoirs, observent l’impressionnant ruban qui se déroule jusqu’à Périer, le point de dispersion. Il faudra plus de quatre heures aux derniers manifestants pour l’atteindre. 24000 personnes, déclare-t-on sans sans rire du côté de la préfecture de police, soit à peine plus que les cortèges de soutien à la lutte des Palestiniens. Près de 300 000 selon les premières estimations des organisations syndicales.

« Mieux encore que pour les CPE », affirme Jacques qui manifeste aujourd’hui dans les rangs des retraités. Mais ce qui frappe avant tout cet habitué du bitume marseillais, c’est « le caractère joyeux et fraternel » de ce grand rassemblement de lutte. Et si chacun entame le défilé sous sa propre banderole, au gré des rencontres et des conversations,  des interventions tonitruantes des professionnels du spectacle, des appels des fanfares et des roulements de tambour qui semblaient parfois sonner le glas d’un système en faillite, on avait parfois du mal à y retouver les siens.  

Convergence de toutes les luttes

Témoin, cet agent de sécurité venu de son Var natal dès les premières heures de la matinée, à la recherche de sa délégation syndicale.  « Peu importe, dit-il avec un brin de philosophie, l’important est que je sois là ».  Tout comme cette  jeune femme qui dit participer à sa toute première manifestation. « Une prise de conscience acquise depuis mon statut de travailleuse intérimaire dans une grande surface. Je m’y sens en parfaite insécurité, comme la plupart de mes collègues dont beaucoup sont là aujourd’hui venues dire leur angoisse ».

Même avis pour ce retraité qui balaye d’un regard les visages de celles et ceux qui manifestent sous la bannière de son organisation. « La plupart de ceux qui sont là, je ne les ai jamais vus auparavant », affirme-t-il.

La présence du plus large éventail de partis politiques de gauche a également suscité la plus grande satisfaction de l’ensemble des manifestants. Une présence appuyée par la distribution tout au long du parcours de l’appel unitaire de onze organisations. « L’heure est à la convergence de toutes les luttes », souligne ce militant du Parti de Gauche qui salue au passage la délégation d’ArcelorMittal amenée par des salariés en tenue de travail ignifugée pour rappeler la dangerosité d’une activité qui contribue pour beaucoup au développement du pays.

Un développement entravé encore par les atteintes au service public,  à la culture, à l’éducation, dont les représentants étaient présents en masse.  « L’éducation coute cher, questionnait une pancarte brandie par une enseignante. Essayez donc l’ignorance » ?

Pour lui donner raison, les enfants des écoles, conduits par leurs parents, entament, en fin de parcours, une course folle. Applaudis par les manifestants de toutes générations qui ont la certitude que « leur propre lutte, comme le souligne Mireille, employée de la Poste, est aussi pour construire un avenir plus radieux aux enfants ». Un avenir sous le soleil de la fraternité. 
 

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