Marseille: l'historien Emile Temime est mort
Fort connu et apprécié des intellectuels et des universitaires marseillais, l'historien Emile Temime s'est éteint mardi.
Il fut professeur émérite d'histoire contemporaine à l’Université de Provence, et directeur du groupe d’histoire à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (E.H.E.S.S.). Il était spécialiste de l'histoire espagnole contemporaine, de l'histoire de Marseille et des migrations internationales, plus particulièrement dans le monde méditerranéen.
« J’ai appris avec une profonde tristesse le décès d’Emile Temime. La Région Provence-Alpes -Côte d'Azur, la France , la Méditerranée perdent avec lui l’un de leurs plus grands historiens. Il était passionné par Marseille, par les différents visages de Marseille, qu’il a si bien étudiés dans des ouvrages qui font aujourd’hui référence. L’un de ses plus grands apports a été son travail de recherche sur la décolonisation et les migrations internationales.
Historien de grande qualité, il était aussi un homme de conviction et de combat. Nous partagions les mêmes valeurs. J’avais beaucoup d’estime, d’amitié et d’affection pour lui. Je suis très peiné de sa disparition. C’est grâce à des hommes comme lui, à des intellectuels de sa trempe, que nous comprenons mieux le monde qui nous entoure et que nous gardons l’espoir de le rendre meilleur. Un grand hommage doit lui être rendu», a déclaré Michel Vauzelle, président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur,
Emile Temime est, entre autre, l'auteur de "Marseille transit: les passagers de Belsunce", un travail sur le quartier historique de la cité phocéenne qui a accueilli des vagues d'immigrés.
"La paix retrouvée, en 1945, le nombre des étrangers à Marseille est extrêmement réduit (moins de 60.000 personnes). Mais la fonction du port comme lieu de passage se traduit par un appel prioritaire aux travailleurs algériens, par l'importances des "rapatriements" qui suivent la décolonisation, par l'entrée enfin sur le territoire français de nouveaux venus en provenance notamment du Maghreb, de l'Afrique noire et du Sud-Est asiatique. Belsunce, accueille ou recueille en partie ces vagues successives de migrants, dont la présence, même passagère, marque profondément le quartier, attire les regards et focalise les passions. Il prend alors une dimension symbolique qui dépasse les limites étroites tracées par les hommes...", a écrit Emile Temime.
Parmi ses publications
1936, La Guerre d'Espagne commence (Complexe, 2006)
Jean Sénac, l’algérien. Le poète des deux rives (Autrement, 2003) avec Nicole Tuccelli
Le camp du Grand Arénas (Autrement, 2001), avec Nathalie Deguigné
Histoire de Marseille de la Révolution à nos jours (Perrin, 1999)
France-terre d'immigration (Gallimard, 1999)
Voyages en Provence-Alpes-Côte d'Azur (Gallimard, 1997)
La Guerre d'Espagne, un événement traumatisme (Complexe, 1996-2006)
Les camps sur la plage. Un exil espagnol (Autrement, 1995) avec Geneviève Dreyfus-Armand
Marseille-transit. Les passagers de Belsunce (Autrement, 1995)
Migrance, Histoire des migrations à Marseille (Édisud, 1989-1991) 4 vol., avec la collaboration des membres du Groupe d'Histoire des Migrations
Histoire de l'Espagne contemporaine (Aubier, 1982), avec Albert Broder et Gérard Chastagnaret
La révolution et la Guerre d'Espagne (Minuit, 1961-1996) avec Pierre Broué