Interview: l’ambassadeur d’Algérie en France en campagne de sensibilisation au scrutin présidentiel
Missoum Sbih, ambassadeur d’Algérie en France fait la tournée des circonscriptions consulaires. Le chef de la mission diplomatique tente à l'évidence de prévenir la forte abstention pressentie dans la communauté immigrée. A Marseille, il s’est prêté aux questions de la presse.
« Ma visite se fixe des objectifs de coordination, d’information et de sensibilisation », a indiqué d’emblée l’ambassadeur. Précisant qu’il s’agit avant tout de « réunir toutes les conditions afin que les citoyens algériens résidant en France puissent exercer librement leur droit de vote et s’assurer de la stricte application de la loi dans la transparence ». Il importe également de « faire sentir l’enjeu de cette élection, de ce qu’elle représente pour l’avenir et la stabilité du pays », a-t-il expliqué. L'ambassadeur a rencontré une soixantaine de personnes dans la cité phocéenne autour d’un repas. Questions posées à Mr Missoum Sbih.
_. Quel peut-être justement l’enjeu de cette élection, sachant qu’il n’y a visiblement pas de candidat d’envergure face l’actuel président qui se prépare à annoncer sa candidature ?
Missoum Sbih : il s’agit là d’un aspect politique qui ne concerne pas la mission que j’entreprends. Par ailleurs, le dépôt de nouvelles candidatures est encore possible. Dans tous les cas, mon message est surtout le suivant : "voter pour qui vous voulez, mais voter quand même, participez parce que vous êtes concernés!".
_. La machine électorale est-elle bien huilée, offre-t-elle toutes les garanties de régularité ?
Nous disposons à présent d’une expérience suffisante dans les consulats et nous nous efforçons à chaque fois de tirer les leçons qui s’imposent. Je peux affirmer que les conditions de contrôle du déroulement du scrutin sont pleinement assurées. De plus, comme vous le savez sans doute, le gouvernement Algérien a accepté la présence d’observateurs internationaux.
_. Il se dit que les représentations diplomatiques algériennes se préoccupent des immigrés seulement à l’approche des élections, comment réagissez-vous à ce sentiment très partagé dans la communauté ?
Je ne peux pas laisser dire une chose pareille pour la raison suivante : depuis mon arrivée en France, je n’ai pas attendu qu’il y ait des élections pour me rendre dans les 18 circonscriptions consulaires. J’y ai régulièrement consacré un minimum de 3 à 4 jours. J’ai rencontré les membres de la communauté, j’ai débattu avec eux sur de nombreux aspects. L’an dernier, j’ai engagé une série de rencontres avec des intellectuels, des universitaires, des chefs d’entreprises, ouvert des débats et provoqué des échanges.
_. Qu’en est-il de l’impact de la crise financière internationale sur l’Algérie ? Les déclarations des responsables politiques sont souvent contradictoires. Il n’y a pas de visibilité.
Bien sûr, on ne peut pas prétendre que nous allons rester en marge de cette crise. D’autant que la baisse du prix du pétrole, qui représente une part très importante de nos ressources, aura nécessairement des conséquences. Comment évaluer cet impact ? Je pense qu’il sera limité. L’Algérie dispose d’une assise financière confortable qui peut lui permettre de traverser cette période. Cela étant, la crise peut effectivement affecter le développement des nombreux grands chantiers qui sont ouverts si les intervenants extérieurs se trouvent paralysés.
_. Lors d'un colloque sur l'Union pour la Méditerranée (UPM), s’agissant de l’immigration vous avez évoqué la notion de «dimension humaine» . Pensez-vous que celle-ci est suffisamment prise en compte dans les relations franco-algérienne ?
En effet, c’est une dimension infiniment importante, essentielle à nos yeux et nous souhaitons qu’elle soit davantage prise en compte. Nous déployons de nombreux efforts pour ce faire. J’espère que très prochainement, lorsque nous aurons à discuter d’un nouvel accord sur la situation de la communauté et la circulation des personnes, cette dimension reflètera une approche fondée sur une conception plus globale de nos relations avec la France, du caractère spécifique des rapports entre nos deux pays.
_. Le président Bouteflika devait se rendre en France. Il semble que cette visite est à présent déprogrammée. L’ambassade confirme-t-elle cette information ?
Il s’agit là d’une interprétation abusive de la presse. Le président Sarkozy a effectivement invité Bouteflika pour une visite d’Etat, tout en lui laissant le choix de la date. Le président algérien n’a pas encore décidé de cette date. Sans doute viendra-t-il après les élections, dans la mesure où il est une nouvelle fois porté à la tête de l’Etat. Je démens donc cette information de visite déprogrammée, une spéculation de journalistes.