Israël : Des Sud-Africains en visite redécouvrent « l’apartheid »
"Comment, au nom du judaïsme, peut-on se comporter de cette manière ? Comment peut-on transformer en ville fantôme un quartier commerçant arabe pour protéger quelques centaines de colons ?" C’est la question que se pose un Sud-Africain d’origine juive en visite pour la première fois dans les territoires occupés par Israël. L’événement est rapporté par le correspondant du quotidien Le Monde dans la région (édition du 20 juillet).
« Avec un groupe de 22 Sud-Africains, défenseurs des droits de l'homme, membres de l'ANC, magistrats, journalistes, syndicalistes, écrivains, blancs, noirs, indiens, une dizaine de juifs, Andrew Feinstein a, pendant cinq jours, du 6 au 10 juillet, sillonné les territoires occupés de Hébron à Naplouse, en passant par Jérusalem et la "barrière de sécurité", rencontré des organisations de défense des droits de l'homme, visité Tel Aviv, tenté d'appréhender le conflit israélo-palestinien », précise l’auteur de l’article.
Il rapporte également les propos d’un juriste, autre membre de la délégation. Celui-ci dit être frappé par "la façon de traiter un peuple comme s'il était de seconde classe, par les pesanteurs de l'occupation militaire et le contrôle de tous les aspects de la vie quotidienne des Palestiniens, par la séparation de plus en plus marquée de deux communautés".
Ce juriste se refuse toutefois à faire une quelconque comparaison avec le régime de l’apartheid qui fut instauré en Afrique du Sud. Mais une autre membre de la délégation, députée de l’ANC, qui fut incarcérée durant huit ans pour ses opinions antiracistes, s’exprime elle sans retenue et n’hésite pas faire des rapprochements avec ce qu’elle a vécue.
"Les non-Blancs vivaient dans des zones séparées, mais il n'y a jamais eu en Afrique du Sud de routes séparées, de "barrière de sécurité", de check-points, de plaques d'immatriculation différentes, de cantonnements dans des zones délimitées ». Particulièrement « choquée », cette dame évoque « la crainte dans les yeux des enfants".
Citons aussi les propos de ce juge, dont ce n’est pourtant pas le premier voyage. « La présence de l'armée partout, ces files d'attente aux check-points, ces raids de soldats sont pour moi pire que l'apartheid. Cela ne fait aucun doute. C'est plus pernicieux, plus sophistiqué grâce aux ordinateurs, qui n'existaient pas à l'époque. Ce sont des méthodes déshumanisantes. plus sombre qu'elle n'a jamais été. J'ai l'impression que nous sommes en 1965 en Afrique du Sud, lorsque la répression s'est intensifiée après la condamnation de Nelson Mandela ».
Des témoignages particulièrement édifiants.