Israël : Ehud Olmert jette l’éponge
Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a finalement décidé de démissionner après l'élection d'un nouveau dirigeant du parti Kadima (au pouvoir), suscitant immédiatement différentes réactions, notamment en Israël, aux Etats-Unis et dans les territoires palestiniens.
"J'ai décidé de ne pas me présenter aux primaires de Kadima. Je n'ai pas l'intention de me mêler de ce scrutin", a indiqué M. Olmert, dans un message télévisé adressé mercredi soir à la nation.
"Après l'élection de mon successeur, je démissionnerai pour permettre la formation d'un nouveau gouvernement rapidement et efficacement", a-t-il dit.
Accusé de corruption, M. Olmert fait l'objet d'enquêtes criminelles depuis plusieurs mois. La police a rassemblé de nombreux indices indiquant qu’il avait reçu des sommes importantes de l'homme d'affaires américain Morris Talansky, et non quelques centaines de dollars comme cela avait été dit.
L’homme d’affaires a d’ailleurs reconnu avoir remis à M. Olmert 150 000 dollars de sa poche, suggérant qu'une partie de cet argent était destiné à satisfaire des goûts personnels de M. Olmert.
Ce dernier a reconnu a son tour avoir reçu de l'argent de M. Talansky, mais tout en affirmant que cette somme avait servie pour la campagne électorale. Il avait alors déclaré qu'il démissionnerait s'il était mis en examen.
Aux yeux des responsables politiques israéliens qui s’attendaient à cette annonce, c’est désormais là un signe pour briguer le postes de Premier ministre.
L'annonce de M. Olmert intervient un jour après que Kadima eut annoncé la date du scrutin destiné à élire sa direction. La date limite pour l'enregistrement des candidats est fixée au 24 août et le scrutin, celle du scrutin au 17 septembre.
M. Olmert a annoncé sa décision au moment où ses principaux adversaires politiques, le ministre de la Défense Ehud Barak, la ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni et le ministre des Transports Shaul Mofaz, séjournent aux Etats-Unis.
Mme Livni, grande favorite pour la présidence de Kadima, a déclaré que le Premier ministre Olmert avait pris "une décision personnelle qui n'était pas simple, mais bonne. Kadima doit continuer à agir d'une manière qui préserve son unité et sa capacité de diriger (le peuple)".
M. Mofaz, un autre successeur probable de M. Olmert, s'est félicité de la décision de ce dernier, la qualifiant de "courageuse".
"Cela montre qu'en dépit de sa situation personnelle, il sait toujours ce qui est bon pour le pays et qu'il a pris la décision correcte dans ce contexte difficile", a indiqué M. Mofaz.
Le ministre israélien de la Sécurité publique Avi Dichter a également salué la décision de M. Olmert, affirmant qu'"elle est correcte et courageuse pour Israël, le mouvement Kadima et lui-même".
Quant au Parti travailliste, partenaire de coalition principal de Kadima, il a jugé, par la voix d'Ehud Barak, que la décision de M. Olmert était "correcte et appropriée".
Pour sa part, le Likoud (opposition) a considéré l'annonce de M. Olmert comme une raison suffisante pour organiser une élection générale, après laquelle le président de la formation, Benjamin Netanyahu, aurait l'intention de former un gouvernement d'union nationale.
Car le successeur de M. Olmert au poste de dirigeant de Kadima ne pourra pas automatiquement entrer en fonction en tant que Premier ministre du pays. Encore faut-il qu’il soit en mesure de former une coalition.
Dans ce cas, l'Etat hébreu disposera d'un nouveau gouvernement au mois d'octobre. A défaut, une campagne électorale commencera alors et durera sans doute plusieurs mois.
Au plan international, le porte-parole de la Maison Blanche, Gordon Johndroe, a déclaré que le président George W. Bush s’était entretenu mercredi avec M. Olmert avant l'annonce de sa décision de démissionner en septembre.
M. Bush compte travailler étroitement avec M. Olmert jusqu'à sa démission et souhaite qu'il fasse de même, a ajouté M. Johndroe. "Nous continuerons à œuvrer en commun pour la conclusion d'un accord avant la fin de cette année", a-t-il affirmé au sujet du processus de paix entre les Israéliens et les Palestiniens.
Parallèlement, le président palestinien Mahmoud Abbas a qualifié la décision de M. Olmert d'"affaire interne israélienne" et s'est engagé à travailler avec son successeur, a déclaré son porte-parole Nail Abu Rdineh.
Les Israéliens et les Palestiniens ont relancé leurs négociations en suspens depuis la conférence internationale sur la paix au Moyen-Orient, laquelle s'est déroulée en novembre à Annapolis, aux Etats-Unis.
Ils se sont fixés l'objectif de parvenir à un accord de paix fin 2008. Cependant, M. Olmert a déclaré lundi qu'il était impossible pour les Israéliens et les Palestiniens de parvenir en temps voulu à un accord de paix qui comporte une solution sur le statut de Jérusalem.