Israël : Tzipi Livni, une dirigeante en sursis
Fraîchement élue à la tête de Kadima, parti israélien au pouvoir, Tzipi Livni a promis de faire avancer le processus de paix. Sa courte victoire sur Shaul Mofaz, ministre des transports et ancien chef d’Etat-Major de l’armée, réduit cependant sa marge de manœuvre sur tous les fronts.
Tzipi Livni est pour l’instant confronter à deux problèmes de taille. Il lui faut recoller les morceaux au sein du parti Kadima. Le scrutin a été marqué par une forte abstention, seulement 53,7% des militants ont daigné se déplacer. Les résultats illustrent la division dans leurs rangs, le signe évident d’un manque de cohésion. La présidente de Kadima doit aussi travailler au plus vite à la constitution d’un gouvernement de coalition. Elle dispose pour ce faire de 42 jours, mais la partie ne s’annonce pas facile. En cas d’échec, des élections anticipées devraient avoir lieu probablement au printemps.
Favori de tous les sondages, à la tête du Likouk Benyamin Nétanyahou est en embuscade. Il a d’ores et déjà exclu la possibilité de rejoindre une coalition et verrait bien capoter tous les efforts pour la constituer. Il s’est d’ailleurs empressé de passer à l’offensive aussitôt Tzipi Livni élue, appelant à des élections générales anticipées.
"La seule sortie pour empêcher la détérioration de la situation est de permettre au peuple d'Israël d'élire un nouveau gouvernement", a-t-il déclaré. "Nous voulons que le peuple d'Israël détermine qui sera le Premier ministre d'Israël, mais non les membres du parti Kadima", a-t-il ajouté. Selon lui, le gouvernement dirigé par Kadima a connu des échecs au plan de la sécurité, de l’économie et de l’éducation.
De leur côté, les dirigeants du Shass (séfarade, ultra-orthodoxe, 12 députés) profitent de la fragilité de la position de Tzipi Livni pour poser les conditions d’un ralliement : le statut de Jérusalem n’est pas négociable. Le fait est que la question reste essentielle pour des Palestiniens.
Dans le cas où le Shass quitte la coalition, la patronne de Kadima pourrait se tourner vers le Meretz (parti de gauche, 4 députés). Elle pourra également obtenir le soutien de partis arabes israéliens. Mais la partie ne sera peut être pas gagnée pour autant, sachant qu’il faut 61 députés sur 120 pour former une majorité à la Knesset (Parlement)
Le ministre de la Défense, Ehud Barak, président du Parti travailliste, a quant à lui exprimé son opposition au maintien de l'actuelle coalition. Il a appelé à la formation d’un gouvernement d'urgence élargi regroupant tous les principaux partis du pays ou à l'organisation d'élections législatives anticipées.
La victoire de Tzipi Livni a été plutôt bien accueillie par les dirigeants palestiniens et notamment par Ahmed Qorei, son homologue. Chargée jusque-là de la conduite des négociations, elle a tout intérêt à créer les conditions pour avancer avant l’échéance électorale 2010. Car dans le cas contraire, en cas d’élections anticipées, Benyamin Nétanyahou pourrait bien rafler la mise et le compteur être ramené à zéro dans les discussions avec les Palestiniens.
Elue de justesse, Tzipi livni est pour l'instant une dirigeante en sursis