Indignation de la société civile Marocaine après la condamnation d’un bloggeur
Le bloggeur Mohammed Errajin, 32 ans, a été condamné à deux années de prison après un procès vite expédié pour des écrits jugés irrespectueux envers le Roi. Les associations de défense des Droits de l’Homme juge ce jugement "inacceptable".
Moins de trois jours après son arrestation, Erraji a été condamné lundi 8 septembre par un tribunal d'Agadir à deux ans de prison et à une amende de cinq mille dirhams.
Motif de la condamnation: dans un article publié dans le journal en ligne Hespress, Erraji a évoqué les avantages spéciaux accordés par le Roi à certaines catégories de citoyens. "Il ne peut se contenter de les accorder à quiconque lui susurre une louange à l'oreille. Cela contribue à créer un armée de courtisans qui, au lieu de chercher à gagner leur vie par le travail, le font par la flatterie et les éloges..." "Ce faisant, le Roi encourage le peuple à être dépendant", a-t-il écrit. Il a été arrêté le lendemain de la mise en ligne de son papier.
Le procès d'Erraji s'est déroulé en l'absence d'avocat, presque en catimini, et n'aurait duré que dix minutes, selon certaines sources. Mais l’événement n’est pas passé inaperçu, la presse marocaine a largement commenté la décision du tribunal se faisant l’écho de l’indignation des associations et de la société civile en général.
Ce procès est "expéditif et ne vise qu’à légitimer un enlèvement de fait", a dénoncé le Syndicat National de la Presse écrite Marocaine.
« Il s’agit d’un jugement inacceptable car nous tombons encore une fois dans un procès de délit d’opinion et de presse… Aucun homme libre ne peut accepter la manière dont le procès s’est déroulé. », a déclaré Abdelhamid Amine, vice président de l'Association Marocaine des Droits de l'Homme (AMDH.
« Je ne peux cacher ma colère au vu de pratiques répétées de prévention et d'arrestations motivées par les opinions et le droit d'expression… Ce sont-là certaines de ces lignes rouges qui ont été tracées partout, y compris dans la bouche des Marocains", s’est indigné un autre membre de la même organisation cité par le journal en ligne Magharebia.com
Les bloggeurs se sont aussitôt montrés solidaires en créant un site web consacré à l’évènement afin d’alerter l'opinion internationale.