Maroc: "Réseau terroriste" de Belliraj, l'audience est levée!
L’incroyable saga d’Abdelkader Belliraj, «informateur belge», accusé de terrorisme au Maroc,reprend des plus belles jeudi dernier. Et le procès dans cette affaire ne fait que commencer. Visite dans les parvis du tribunal antiterroriste de Salé.
Après un procès qui a débuté le 16 octobre dernier, l’affaire reprend devant la cour. Depuis le début, l’histoire passionne aussi bien la Belgique que le Maroc. Abdelkader Belliraj, belge d’origine marocaine, est accusé par le Maroc d’être à la tête d’un réseau terroriste. En février 2008, le Maroc le met aux arrêts et le place en détention dans la prison civile de Salé. Les services secrets marocains auraient démantelé une « cellule terroriste » présumée de 35 membres. Ce qui prête à confusion c’est que cet homme n’est pas étranger aux autorités belges et qu’il serait même d’après le presse belge «un indicateur officiel rémunéré de la Sûreté belge».
Guerre souterraine d’Etats
Le gouvernement Marocain fait de cette information, son cheval de bataille. A la suite de plusieurs affirmations déguisées et de zones d’ombre, Abdelkader Belliraj, âgé de 50 ans, est soupçonné d’être à l’origine du meurtre de six personnes. Quatre de ces victimes auraient été une cible politique sur le territoire belge en 1980 et 1990. Le résultat d’une histoire de relation étroite, qui a duré huit ans, entre la sureté belge et cet informateur hors norme.
L’affaire est délicate et se complique pour les deux pays, plus particulièrement pour la Belgique. Et effet boule de neige a suivi : d’abord la querelle entre la Sûreté de l’État et la police judiciaire, puis l’intervention du parquet fédéral, et enfin CIA et FBI n’hésitent pas à intervenir jusqu’à se déplacer au Maroc.
Sous l’aile d’AL QAIDA
Face à toute cette agitation politique, une questions s’impose : Pourquoi une simple enquête nationale a-t-elle pris une dimension internationale ? Selon le ministre marocain de l’Intérieur, Chakib Benmoussa, le présumé terroriste Abdelkader Belliraj a séjourné en 2001 en Afghanistan et a travaillé pour le compte d’Al Qaida en parallèle de son rôle d’informateur : «les investigations menées par les autorités compétentes ont établi que le réseau Belliraj a tissé des liens avec des groupes et organisations terroristes internationaux, particulièrement Al Qaïda, le Groupe Islamique Combattant Marocain (GICM) durant 2001 ainsi qu’en 2003 et 2004, et le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) à la même période», insiste-t-il.
De plus, les membres du réseau Belliraj ont également eu des contacts avec le Hezbollah en 2002, dans le but des suivre un entraînement au Liban .
L’affaire Belliraj provoquent beaucoup de remous au Maroc et dans le monde. Toutes ces zones d’ombre encore sombre prêtent a confusions. Pour avoir des réponses, tout le monde a attendu avec empressement un procès maintes fois reporté. Enfin, la semaine dernière l’affaire a été portée devant la cour.
Une audience sous tension
Jeudi soir, la Chambre criminelle (1er degré), chargée des affaires de terrorisme auprès de la Cour d'appel à Salé, a accusé, Abdelkader Belliraj d’«atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat ». C’est le principal accusé dans l’affaire du réseau Belliraj, dans lequel sont poursuivies 35 personnes, dont deux en liberté provisoire.
La Cour qui a auditionné Belliraj l’a également accusé "d’association de malfaiteurs en vue de préparer et commettre des actes terroristes dans le cadre d’une entreprise collective ayant pour but l’atteinte grave à l’ordre public par l’intimidation, la terreur et la violence et tentative de meurtre prémédité par armes à feu, transport et détention illégale d’armes à feu et de munition pour les utiliser dans l’exécution de projets terroristes".
Il a été aussi accusé de "contrefaçon et falsification de documents officiels, usurpation de fonction en vue d’exécuter des projets terroristes, don et collecte de fonds, de valeurs et biens pour les utiliser dans l’exécution de projets terroristes et vols et blanchiment d’argent’’.
Face à toutes ces accusations, Abdelkader Beliraj a nié les faits retenus contre lui : notamment ceux relatifs à la préparation d’un "projet jihadiste" au Maroc, à sa relation avec le fondateur du "mouvement révolutionnaire islamique marocain", Khalid Cherkaoui, à l’introduction d’armes au Maroc et à l’assassinat de compatriotes. Il s’est défendu en insistant sur le fait d’une machination : «les services de renseignements marocains qui ont fabriqué cette affaire, doivent apporter les preuves de ce qu’ils avancent»
Au terme de quatre heures d’audience, la cour a décidé de poursuivre ces dernières semaines l’audition des autres accusés. Une affaire à suivre de très près !