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A 77 ans, Anne-Marie Nzié, "la voix d'or du Cameroun", toujours dans le rythme

 Anne-Marie Nzié , la diva de la chanson camerounaise"Cette journée, le 8 mars, nous plaît beaucoup. Dieu nous aime. Cela veut dire que le rôle et la place de la femme sont maintenant reconnus comme ceux de l'homme ", confie Anne-Marie Nzié , la diva de la chanson camerounaise.

A 77 ans, Anne-Marie Nzié est considérée comme "la voix d'or du Cameroun",  "la reine mère du bikutsi et de la chanson camerounaise ".

Cette icône de la musique a tout donné à la chanson camerounaise , faisant rayonner les couleurs du pays sur des scènes étrangères, et le Cameroun lui est reconnaissant.

En 2008, pour ses 60 ans de métier, un hommage national lui a été rendu, au cours duquel les autorités et le peuple camerounais l'ont célébrée avec une semaine entière de manifestations, parmi lesquelles un concert grand public et une exposition de photos.

"Je n'ai pas besoin de chanter spécialement au cours de cette Journée internationale de la femme. Je chante à chaque instant. Même sans être sur un podium, je chante dans mon cœur. C'est mon travail et j'en suis fière comme un oiseau ", dit-elle.

La mort de Miriam Makeba en novembre 2008, pendant les festivités de ses 60 ans de carrière, la plonge dans une très grande tristesse. Une grande complicité unissait ces deux grandes voix féminines de l'Afrique.

Anne-Marie Nzié avait en effet chanté avec Miriam Makeba sur les mêmes scènes en Afrique et ailleurs,  Miriam Makeba sa « sœur ", comme elle aime à exprimer ces liens d'affection qui l'unissaient à la Sud-africaine.

Par exemple, sur les scènes du premier Festival culturel panafricain (PANAF) d'Alger en 1969, au cours duquel  le continent africain avait réuni les figures marquantes de ses arts et de ses cultures, pour témoigner de sa quête d'unité portée par l'Organisation de l'unité africaine (OUA) née six ans auparavant.

Mais si elle n'a pas connu le même succès planétaire que Miriam Makeba, son aura est tout aussi considérable.

En 1968, elle enregistre avec le chanteur français Gilbert Bécaud à Paris, grâce à un contrat - qui lui avait même permis de se produire à l'Olympia - pour la réalisation de trois disques signé avec Pathé Marconi Records.

En 1977, Anne-Marie Nzié enflamme les foules et les chefs d'Etat africains au premier Festival des arts et de la culture nègres (FESTAC) qui s'est tenu à Lagos au Nigeria.

Sénégal, Bénin, Côte d'Ivoire, Algérie, Maroc, Allemagne, France, Italie, Belgique, Chine, etc. : cette chanteuse ne compte pas les pays où elle a eu à exprimer son talent.  Son propre pays, elle l'a également parcouru du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest.

Lors de l'accession du Cameroun à l'indépendance le 1er janvier 1960, elle se produit au palais présidentiel, sur un plateau comprenant les doyens de la chanson nationale qu'étaient les Nelle Eyoum et Ebanda Manfred, précurseurs du makossa moderne, un des rythmes musicaux du pays.

Il y avait également Manu Dibango et Jean Bikoko Aladin, musicien qui a su valoriser un autre rythme, l'assiko.

Pourtant, alors qu'elle n'était encore qu'une enfant, Anne-Marie Nzié, fille d'un pasteur de l'Eglise presbytérienne camerounaise (EPC), Simon-Pierre Nzié Nzouma, à Bibia, un village en pleine forêt équatoriale du Sud du Cameroun, semblait condamnée par le sort.

Lors d'une partie de cueillette de mangues, elle s'était brisé la jambe gauche: "Je ne savais pas que la branche était sèche. Je suis tombée, l'os s'est cassé. Je suis restée 15 ans à l'hôpital". Une blessure dont elle ne devait jamais se relever.

C'est son frère aîné, Cromwell Nzié, guitariste et chanteur de talent souvent comparé à Henri Salvador, qui l'a entraînée dans la musique, en l'initiant à la guitare hawaïenne.

"J'ai travaillé avec lui pendant longtemps", confie-t-elle. A ses côtés, elle avait, pour un salaire minable,  participé à une campagne de promotion des Brasseries du Cameroun.

En 1954, elle sort son premier disque, un 45-tours, sous le titre de "Mabanze ".  Elle avoue ne rien savoir du nombre de disques qui ont suivi: "Je ne peux pas les compter. On était associés, mon frère et moi. Chacun avait ses compositions ".

A cause de son accident, la petite Anne-Marie, a été empêchée de suivre une scolarité normale; pourtant, à l'âge de 10 ans, elle s'était illustrée en remportant un concours de chant, et  pendant trois ans elle a fait partie de la chorale de l'église (EPC) dans son village.

« Je suis contente. Je sens que Dieu m'a beaucoup aimée. 60 ans de carrière, ce n'est pas 60 jours. Cela veut dire que j'ai beaucoup travaillé ".

Depuis 1979, elle fait partie de l'Orchestre national, où elle partage aujourd'hui son expérience avec de nombreux artistes plus jeunes qu'elle.

En 2009, la disparition tragique après 30 ans de collaboration, de son guitariste, Pascal Onana, représente pour elle une épreuve très douloureuse.

« Mon cœur est coupé en deux. Ce garçon-là m'accompagnait très bien, il connaissait son travail. Je me demande si j'aurai un autre soliste comme lui. Il suffisait que je regarde pour qu'il sache quelle chanson je veux interpréter "

Anne-Marie n'a jamais eu d'enfants, mais  elle appelle tout le monde "mon fils" ou "ma fille": "Tous les enfants qui sont au Cameroun sont les enfants d'Anne-Marie Nzié ".

En signe de reconnaissance de son immense talent, les autorités camerounaises lui ont offert  une maison à Yaoundé et un véhicule avec l'inscription "La voix d'or du Cameroun " sur la plaque d'immatriculation.

Depuis 2007, elle a enrichi  son répertoire de 15 nouvelles compositions en vue d'un nouvel album. Le dernier, "Be za ba dzo", publié en 1998 par une maison de culture française, Label bleu indigo, lui avait permis de revenir sur le marché discographique après de longues années d'absence.

Elle dit vouloir chanter et mourir sur scène tout comme sa  "sœur Miriam Makeba."

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