Biennale de l'Art de Dakar : Moridja Kitenge Banza, lauréat du Grand Prix
Pour une première participation à un festival international, l'artiste et vidéaste congolais Moridja Kitenge Banza dame le pion à tous les concurrents, en remportant le Grand Prix Léopold Sédar Senghor de la Biennale de l'Art contemporain de Dakar, Dak'Art.
Du haut de ses 1m80, Moridja Kitenge Banza savoure sa victoire remportée grâce à deux œuvres qui se réfèrent à l' histoire: "Union des États, de 1948 à nos jours" et "Hymne à nous ou Eldorado".
"C'est la première fois que j'expose dans une exposition internationale. Je n'ai jamais eu de prix. Le Sénégal est une première porte pour moi. Je viens de naître en tant qu'artiste. Ce prix me fait un grand plaisir. C'est énorme pour moi, d'avoir un prix qui porte le nom prestigieux de Léopold Sédar Senghor", confie l'artiste congolais.
Né le 2 septembre 1980 en République démocratique du Congo (RDC) , Kitenge Banza fait ses premières armes à l'école des Beaux arts de Kinshasa, avant de s'exiler en France pour "développer un peu plus (son) travail d'artiste".
"Je suis diplômé de l'école des Beaux arts de Kinshasa puis de Nantes depuis 2008. A Kinshasa, j'ai longtemps fait de la peinture et, c'est l'école des Beaux arts de Nantes qui m'a permis de toucher à plusieurs médias", précise-t-il.
Ce départ vers l'Europe s'explique en partie par la situation de guerre dans laquelle était plongé la RDC en 2003.
"J'ai quitté Kinshasa en 2003 pour la France, à cause de la guerre. Tous ces problèmes politiques ne me permettaient pas d' évoluer au Congo, alors j'ai fait le choix de partir".
A Nantes où Kitenge Banza va apprendre à vivre seul: "Toute ma famille est à Kinshasa. Même si par la suite, j'ai fait la connaissance d'une famille sénégalaise qui m'a presque adopté. C' est pourquoi venir au Sénégal et y avoir un prix est une fierté pour moi. A travers cette famille sénégalaise, je me sens un peu Sénégalais quelque part".
Son œuvre sur l'esclavage, présentée à la Biennale de Dakar, s'inspire de la traite négrière: "Je considère que l' esclavage n'a pas été aboli mais qu'il a juste changé de forme. Et cette nouvelle forme d'esclavage se retrouve en Afrique comme en Europe".
Dans la vidéo, sa seconde œuvre à la Biennale, l'artiste explique "comment est-ce que l'autre me regarde et comment est-ce que moi je regarde l'autre. Comment cohabiter, que l'on soit noir, blanc, jaune ou rouge".
Selon Kitenge Banza, on ne peut demander à un être humain d'intégrer une société et en même temps faire abstraction de ce qui l'a construit.