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Les "Couleurs du monde" s'exposent au Siège parisien de l'Unesco

 

Jusqu'à la fin du mois d'août, au Siège parisien de l'Unesco, l'artiste colombien Jaime Ocampo Rangel expose ses photographies sous un titre unique "Les couleurs du monde".

Cette exposition à la fois splendide et surprenante attire des visiteurs du monde entier car l'artiste y présente toutes les nuances de notre planète.

Ce Latino-américain a passé son adolescence à Miami et étudié à la Selle en Espagne, puis à New York où il a obtenu son diplôme de Communication visuelle et de Production Audiovisuelle.

Aujourd'hui,  Jaime Ocampo Rangel vit à Montmartre, dans l'ancienne demeure de Picasso. Il avoue volontiers que la diversité est la base de notre équilibre actuel. En présence de son épouse Lia Santos et aussi d'un couple franco- italien, ses compagnons des voyages, Jaime Ocampo Rangel nous parle de son métier avec fierté et passion :

Djana Mujadzic : -"Pendant une décennie vous avez préparé l'exposition à l'UNESCO, qui grâce à son grand  succès  sera prolongée en septembre, à la Galerie "Polka". Vous avez séjourné chez une quarantaine de tribus, suivi leur existence très différente de la nôtre et réussi à les immortaliser grâce à votre objectif. Comment avez- vous communiqué avec ces peuples si divers"?

Jaime Ocampo Rangel: "J'ai tout simplement utilisé le langage de l'amour! Je me débrouille dans la pratique de 100 langues, sans me priver de toute sorte de gesticulations, en me servant de mon propre corps, mais aussi du leur! Enfant, j'allais voir des Indiens dans ma Colombie natale, autour de Manaus, et à l'insu de mes parents. Très tôt j'ai appris que ces gens en apparence sauvages, détiennent toute la sagesse et beauté de notre monde. Partout où je suis allé, j'ai pu constater que les populations dites "indigènes", sont les plus originales et les plus vraies. Pour constituer le premier volet de la "Mémoire des Couleurs", j'ai visité 38 tribus. Chacune possède sa couleur fétiche et ses préférences vestimentaires. J'ai pu les éterniser et au même moment deviner l'arc en ciel de la terre qu'ils ont construit depuis bien longtemps et constater qu'il est aussi magnifique que celui du ciel. Avant chaque départ, j'achète des lés du tissu de la couleur préférée du peuple que j'envisage d'étudier. Mes premières modèles furent les Kogui de la Sierra Nevada de Santa Marta, qui habitent à 400 mètres d'altitude et portent le blanc! Cette couleur tellement pure souligne leur immense spiritualité. J'ai imposé un studio peint en blanc et j'ai très vite compris  que j'avais trouvé mon propre style de travail. Lors de nos visites chez chaque tribu, ma femme a tourné un court- métrage sur nos activités et notre façon de procéder, ce qui nous a permis l'amélioration et l'avancement permanent de nos recherches.

D.M.: "Quelle est votre approche artistique"?

J.O.R.: "J'essaie d'abord de préciser les détails et les projeter sur de grands posters de deux mètres, pour que les images occupent le champ visuel du spectateur, immédiatement confronté à la puissance des regards et aptitudes de ses magnifiques corps, habillés de couleurs intenses qui les rendent fascinants, à la fois si lointains et si proches. Derrière la beauté de ces inconnus, je guette l'émotion. Les personnages de mes énormes affiches, ces portraits récupérés aux quatre coins du monde, sont ceux de véritables artistes de la nature!  Ils sont aussi un trésor inestimable et précieux qui doit être montré et sauvegardé. La diversité est la clé de l'existence de l'Univers et de son équilibre, du développement et de l'évolution. Pour tout cela, je cherche le sublime sur terre et pas ailleurs, car je reste persuadé que la véritable perfection est l'acceptation de nous tous, tels quels, avec nos moeurs et coutumes, souvent très différentes. C'est en les respectant que nous pouvons sauver le patrimoine historique et culturel de la planète. Je suis heureux que l'Unesco ait compris ma quête et expose mon œuvre dans son  espace grandiose."


D.M.:"Vos propos révèlent un grand désir de préservation de l'originalité dans l'existence des autochtones menacés de disparition. En plus, vous leur rendez avec un étonnant succès leurs lettres de  noblesse perdues, noblesse  évidente et très ancienne. Pourriez-vous expliquer le vrai sens votre difficile démarche?

J.O.R.:"Tout simplement, je défends notre monde par le côté positif, par la beauté et la bonté! Tous se sont laissés photographier car ils ont compris que mes sollicitations sont bien intentionnées et que je souhaite  montrer dans leur propre contexte, leur environnement et leurs valeurs. Certains vivent dans les paradis terrestres que d'autres détruisent quotidiennement. Pendant le voyage au Pérou, où j'ai d'abord vu les habitants acculturés, obligés de suivre les classes de soit-disant "missionnaires", qui ignoraient complètement leur héritage historique. Mais comme par miracle, un Indien a ressurgi et nous a fait signe de suivre le lit de la rivière. Trois heures plus tard, nous sommes arrivés chez les Secoya, qui nous ont accueilli dissimulés parmi la végétation, peu nombreux mais encore existants. Si la plupart des membres de leur tribu ont du subir le pire imposé par la modernisation, quelques-uns persistent en gardant leurs traditions millénaires. Certains d'entre eux ont posé devant le vert leur couleur fétiche qui en occident symbolise l'espoir. Mon message est simple et humain : je montre les peuples qui au moment même où ils sont  menacés, traduisent toute la grandeur et la splendeur de la terre".


Le prochain voyage de Lia et Jaime Ocampo Rangel aura lieu au printemps prochain. Il ne sera pas très long car il les mènera dans le sud-est du Vieux continent.

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