Snjezana Kordic: Les Slaves du Sud parlent la même langue
Linguiste et enseignante dans plusieurs universités allemandes, la Croate Snjezana Kordic a récemment publié le livre sous le titre "La langue et le nationalisme"/Jezik i nacionalizam/.
La chercheuse analyse l'instrumentalisation de la langue, comme moyen de développement des idées nationalistes, et de falsifications du passé. La construction des mythes y contribue car ceux-ci qui soutiennent l'image de cette réalité fausse mais très désirée chez les Slaves du sud :
"Les Croates, Serbes, Bosniaques et Monténégrins ont la même langue "standardisée"- écrit la professeure Kordic. C'est la principale raison pour laquelle chez nous il n'est pas possible d'évoquer l'existence de différentes langues, mais celle de variantes d'une même langue. Des négations de la langue "serbo-croate" n'ont pas d'origine scientifique, elles n'ont aucune base linguistique, non plus.
L'auteure rappelle que les déclarations constitutionnelles de la langue "officielle", chez l'ex Yougoslavie est hors-sujet, en excluant les Slovènes et Macédoniens, qui parlent leurs propres langues.
Madame Kordic a souligné qu'en Croatie existe, depuis deux décennies, une grande discussion autour de "la pureté du croate" et son commentaire est sans équivoque :
"Domination du purisme linguistique signifie la domination du nationalisme". Elle indique aussi que ce "purisme" très prononcé n'est pas propre à la langue mais aux "croatistes" qui veulent imposer leurs idées aux "esprits libres".
Selon son opinion, les nouveaux linguistes sont devenus des interprètes de la langue en fabriquant les différences artificielles, puisque bien rémunérés, ce qui leur permet d'arrondir largement, leurs fins du mois.
De plus, le ministère de l'Éducation finance ces projets nationalistes, persuadé que la différence linguistique assure la survie de l'État.
Snjezana Kordic évoque l'écriture de Christopher Hult, surtout ses aptitudes exposées dans le livre " Linguistes et le Troisième Reich" et rappelle que les linguistes au service du nazisme ont hissé leur langue maternelle sur le piédestal, comme un totem. Selon elle, dans la Croatie actuelle règne le même état d'esprit:
"Si les "croatistes" arrêtaient de commander aux gens comment parler, au lieu de comprendre la langue telle quelle, de nombreux faux "faiseurs" de cette même langue auraient disparu. Au moins, ils auraient perdu leur sinistre emploi."
Le livre "La langue et le nationalisme" fut publié par l'antenne zagreboise d'édition "Durieux". Il contient trois grand chapitres :"Le purisme de la langue", "La langue polycentrique standardisée et "La Nation, l'identité, la culture et l'histoire".