UNESCO: Collection de manuscrits islamiques
La délégation slovaque du Siège parisien de l'Unesco a organisé, depuis quelques jours, l'exposition le "Coeur entre les mains", consacré aux manuscrits islamiques et aux imprimés de la Bibliothèque universitaire de Bratislava.
Il s'agit de l'héritage d'un érudit bosniaque, Safvet- bey Basagic. La Bibliothèque possède 2,5 millions de volumes répartis dans trois bâtiments historiques.
En 1924, Safvet-Bey Basagic de Sarajevo y avait déposé sa collection familiale. Les fonds contient 393 manuscrits arabes, 117 turcs et 88 persans, écrits entre 12ème et 19ème siècle, ainsi que des livres imprimés au 18ème et 19ème siècles : 145 volumes arabes, 337 turcs et 8 persans. Les manuscrits de la Collection Basagic sont inscrits dans la Mémoire du monde de l'Unesco, depuis 1997.
Bey Basagic, devenu docteur "ex linguis islamics" à l'Université de Vienne en 1899, et auteur de plusieurs recueils de poésie et de quelques livres historiques, était originaire d'une bourgade d'Herzégovine, qui porte toujours le nom de Nevesinje. A 12 ans il était citoyen de Sarajevo, car la famille y avait déménagé. Après le lycée, il sera parmi les meilleurs étudiants de l'Université viennoise où sa thèse :"Les Bosniens et les Herzégoviens dans la littérature islamique mondiale" est actuellement disponible pour les chercheurs.
Son père Ibrahim a été le dernier écrivain balkanique, qui a écrit en arabe et en turc. Sa magnifique collection est le résultat d'un riche héritage culturel de sa famille. Safvet- bey Basagic fut un polyglotte et connaisseur des langues orientales, maîtrisant aussi l'anglais, le français, l'italien et le russe.
Il a consacré son temps à la sauvegarde de la culture yougoslave et musulmane. Sa Bibliothèque est d'œuvres religieuses scientifiques et littéraires dont des auteurs sont bosniens, croates, serbes ou monténégrins qui ont utilisé les caractères arabes.
Bey Basagic était un vrai visionnaire: il a prudemment déposé sa collection à Bratislava, sachant que les Slaves du sud, divisés par les religions et par les nombreuses occupations de tous bords durant leur histoire très mouvementée risquaient de se retourner les uns contre les autres.
Sa collection, et surtout les manuscrits, sont très bien conservés et, dans la plupart des cas, écrits avec des caractères calliptiques. Les textes sont encadrés et certains décorés de lignes dorées ou en couleurs : bleu, vert et rouge. Plusieurs manuscrits commencent par un élément orné "l'unawanom". Nombre d'entre eux comportent des illustrations particulières, jamais réalisées auparavant. Parmi 598 manuscrits, au moins cent volumes, représentent des œuvres uniques.
La vie de cet érudit bosniaque, qui fut aussi le père de deux filles et de deux fils, était aussi très particulière. Professeur de l'Université à Zagreb et à Sarajevo, il a longtemps été le président du Parlement de Bosnie-Herzégovine. Safvet- bey Basagic a fini sa carrière au Musée national de Sarajevo. Longtemps malade, il est mort en 1934, durant sa 63ème année. Il repose dans la cour de la plus ancienne mosquée de Sarajevo. La dernière de ses filles, le Dr.Enisa Basagic-Knezic , une spécialiste des maladies rénales, est décédée en août dernier, à l'âge de 88 ans.
Djana Mujadzic