REPORTAGE- Mogadiscio: Ne jamais allumer une troisième allumette
Vendredi, deux journalistes de Xinhua ont été autorisés à "visiter" la ville de Mogadiscio, à bord d'un véhicule blindé de la Force de l'Union africaine en Somalie (Amisom), en compagnie de plusieurs soldats armés jusqu'aux dents.
Même à l'abri du véhicule blindé, on est obligé de porter un gilet pare-balles de 7.5 kg et une casque acier de 2,5 kg, sous une chaleur de 38 degrés. De plus, les soldats de la paix doivent prendre soit un fusil, soit une mitrailleuse. Ce sont leurs équipements de base pour la patrouille, affirment-ils.
Voulant mettre en service leur "arme", une camera de télévision, les deux journalistes ont tenté d'atteindre l'un des seuls postes pour tireurs, sur le toit du blindé, afin de prendre certains images.
La demande est catégoriquement refusée par le commandant de bord.
"Vous vous rappelez ce conseil? Ne pas allumez trois allumettes au même endroit. Avec la première, vous êtes dévouert, avec la deuxième,vous êtes visé, et avec la troisième, vous êtes mort"dit-il.
Au moment où l'officier parlait, des coups de feu se font entendre, non loin de la route empruntée par la patrouille.
"Ne vous inquiétez pas, ils veulent seulement nous montrer qu'ils sont là", a dit le commandant aux journalistes qui n'ont jamais d'expérience de guerre.
Les tirs sont nourris d'un moment à l'autre, alors que des coups de mortiers retentissent parfois, de loin.
Selon le commandant de bord, généralement, les armes dont disposent les rebelles ne leur permettent pas d'affronter les soldats de la paix.
"Mais c'est un peu spécial aujourd'hui. Peut-être ils savent que vous êtes ici", ironise-t-il.
Le blindé entre dans un autre camp de l'Amisom dans la ville. A l'intérieur de l'enceinte, un garçon d'environ dix ans, assis par terre, avec une jambe blessée:
"Mon frère a été touché par balle tout à l'heure", dit un autre garçon.
"Les cibles sont l'Amisom et le gouvernement, mais vous avez vu le résultat, de plus en plus de civils somaliens meurent", constate le porte-parole de la Force de l'UA, Ba-Hoku.
Au cours des 20 ans écoulés, le conflit a causé près de 1,3 million de personnes déplacées en Somalie et de nombreux civils innocents ont été tués dans les combats, dans la ville de Mogadiscio ou dans les autres villes de ce pays anarchique.
Le blindé reprend le chemin de patrouille. A travers la petite fenêtre du blindé, on voit rarement des bâtiments non endommagés.
"Que tout ça se termine bientôt, et je puisse rentrer! ", soupire le soldat ougandais Owani Kenneth.