Analyse: la Conférence de Londres aura probablement peu d'effet sur le désarmement des talibans

Alors que la Conférence internationale sur l'Afghanistan s'est ouverte jeudi à Londres, les Afghans estiment qu'il a peu de chance que ce sommet permette d'atteindre les objectifs établis par les représentants des 70 pays et organisations internationales présents à la conférence.   

La sécurité, la gouvernance et le développement sont les priorités dont les Afghans fatigués par la guerre ont besoin pour avancer vers un Etat prospère, a noté le président afghan Hamid Karzaï dans son discours prononcé lors de la conférence.

Le gouvernement afghan est prêt à négocier avec les combattants talibans qui n'ont aucun lien avec le réseau Al-Qaïda ou tout autre groupe terroriste, a déclaré M. Karzaï.

Cependant, les Afghans estiment qu'il est peu probable que les talibans cessent leurs activités et déposent les armes.

"Les talibans n'accepteront aucun plan de paix présenté à Londres parce que les combattants considèrent les troupes internationales déployées en Afghanistan comme des forces d'occupation", a expliqué Waheed Mughada, analyste afghan et ancien responsable taliban.

M. Mughada partage également l'idée selon laquelle la Conférence de Londres n'aura que peu d'impact sur la coopération régionale dans la lutte contre l'insurrection, d'autant que l'Iran, pays voisin de l'Afghanistan, n'est pas présent à la conférence.

Lors de cette conférence, qui a pour objectif de rallier le soutien international afin d'aider le gouvernement afghan à lutter contre le militantisme, la corruption et à assurer la bonne gouvernance, les participants devraient établir un fonds pour encourager les talibans à déposer les armes.

Afin de promouvoir le processus de paix avec les talibans, l'ONU a retiré mercredi les noms de cinq anciens chefs talibans de sa liste noire, dont l'ex-ministre des Affaires étrangères du régime évincé Wakil Ahmad Mutawakil.

En vertu du plan de paix, le gouvernement offrira un emploi, une terre et une pension aux talibans qui déposent les armes et reprennent une vie normale.

Dans un communiqué rendu public à la veille de la Conférence de Londres, les talibans ont toutefois décrit la conférence comme une finasserie des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne pour tromper leur pays et diviser les combattants.

En outre, les talibans se sont engagés à poursuivre le Jihad (guerre sainte) jusqu'à l'expulsion des troupes étrangères d'Afghanistan.

La Conférence de Londres se déroule au moment où le gouvernement du président Karzaï traverse une crise après que seuls 14 des 25 membres nommés du gouvernement eurent gagné la confiance de la Chambre basse du Parlement afghan.

Certains experts estiment qu'un gouvernement incomplet affaiblira la position du président Karzaï à la Conférence de Londres et soulèvera des doutes sur sa capacité à accomplir le plan ambitieux visant la restauration de la paix durable par la réconciliation, l'élimination de la corruption et la garantie de la bonne gouvernance.

"Je ne vois aucun changement de la politique des Etats-Unis et de l'OTAN dans la guerre contre les talibans et les groupes associés", a indiqué un autre analyste afghan, Qasim Akhgar.

Ecrivain et défenseur des droits de l'homme, M. Akhagar doute par ailleurs de l'honnêteté et du sérieux des Etats-Unis à l'égard de la lutte contre le terrorisme. "S'ils (les Etats-Unis et leurs alliés) menaient sérieusement la guerre contre le terrorisme, les talibans et les autres groupes auraient déjà été éliminés", a-t-il déclaré.