France : le garde des sceaux met le turbo sur le terrain politico-médiatique (Commentaire)
Par Nadjib TOUAIBIAPublié le
Excepté le déplacement de Bayrou à Mayotte, on ne voit et on n’entend quasiment que lui depuis la nomination du nouveau gouvernement, à la veille des fêtes de fin d’année. Gérald Darmanin multiplie les déclarations et les déplacements sur les thèmes sensibles du narcotrafic et de la détention, notamment pour les petites peines. Il est ce jeudi 2 décembre en déplacement à Marseille.
Dans la cité phocéenne, il a exprimé son soutien aux magistrats, reconnaissant les conditions de travail difficiles auxquelles ils sont confrontés. Le ministre a critiqué le budget, trop faible, alloué à la justice en France, soulignant qu'il représente seulement 2 % du budget de l'État, ce qui entrave, selon lui, la capacité de la justice à traiter efficacement les audiences.
Pour 2025, Darmanin a réitéré son engagement à réaliser l'embauche des 1 600 personnels supplémentaires décidés par la loi de programmation de la justice cette année.
Le ministre de l’Intérieur pris de vitesse
Le garde des Sceaux dit vouloir frapper les narcotrafiquants en ciblant leurs finances grâce à des mesures de confiscation des biens acquis illégalement. Il espère ainsi désorganiser et asphyxier les réseaux de criminalité organisée et se fixe comme objectif de placer les cent plus grands narcotrafiquants en isolement renforcé.
Son programme comprend également une visite aux locaux de la protection judiciaire de la jeunesse, où il dialoguera avec les personnels et les jeunes pris en charge, dans le 4e arrondissement. Enfin, une dernière séquence se déroulera au centre pénitentiaire des Baumettes, situé dans le 9e arrondissement de Marseille.
Dix jours après sa prise de fonction, le garde des Sceaux semble surtout prendre de vitesse le ministre de l’Intérieur, du moins, pour l’instant. Les médias multiplient par ailleurs les commentaires sur le duo Darmanin/Retailleau. Le gouvernement Bayrou dispose ainsi, dit-on, d’une force de frappe en mesure de contrer le Rassemblement National sur le front de la sécurité.
Cette question, tout comme l’immigration, figurera, à n’en point douter, en tête des thèmes de campagne des macronistes et de la Droite, à venir ; législatives, si dissolution il y a à partir de juillet prochain, et présidentielles en 2027. Le gouvernement Bayrou donne le sentiment de vouloir placer le pouvoir d’achat au second plan. Mais les Français pourraient lui réserver une bien mauvaise surprise.